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Projet 1 : maison conteneur

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Projet 1 : maison conteneur

Pour mettre en œuvre un projet de lieu d’accueil d’une communauté évangélique et de rendez-vous de la communauté ecclésiale, nous devons envisager toutes les solutions afin de choisir la mieux adaptée au lieu et moment choisis. En effet, un tel projet demande de gros efforts en raison de son caractère innovant. Innovant puisque non vu depuis le 14e siècle en Occitanie, difficile puisque s’appuyant sur une communauté ecclésiale encore dispersée, mais exaltant par sa capacité à donner de la visibilité au catharisme à l’heure où beaucoup l’ont fantasmé, voire ridiculisé, affirmant haut et fort qu’une résurgence cathare conforme au système en place au Moyen Âge. Et ce projet est même inquiétant pour ceux qui, se faisant le relai des autorités publiques et judéo-chrétiennes locales, cherche à le dénier en s’appuyant sur des travaux malhonnêtes de scientifiques qui n’ont de cesse d’essayer d’instiller dans la mémoire collective l’inexistence du catharisme.

C’est pourquoi j’ai étudié différents projets concernant le foncier, le bâti et les équipements périphériques. J’ai également poussé mes recherches vers tout ce qui pourrait permettre d’approcher d’une autonomie totale, sans pour autant rechercher à créer une communauté isolée de son environnement.

Le conteneur est-il un bâti intéressant ?

Le conteneur (container en anglais) est un outil destiné au transport des marchandises. Pour cela sa structure présente de nombreux atouts : un acier spécial très résistant ; une structure capable d’encaisser des forces de distorsion et d’écrasement particulières ; un coût très faible par rapport à l’équivalent en moellons ou en bois. Pour autant, dans un autre usage, certaines de ses qualités s’atténuent voire s’annulent et des défauts apparaissent : la résistance structurale ne tient plus quand on commence à découper l’acier pour créer des fenêtres, des portes ou pour agrandir l’espace en accolant plusieurs conteneurs ; une absence totale de respiration du matériau qui impose une ventilation mécanique ; un effet cage de Faraday pouvant gêner la transmission d’ondes ; une inertie thermique nulle imposant une isolation extérieure et intérieure. N’oublions pas les dimensions contraintes, même si elles sont généralement suffisantes pour l’usage que nous recherchons et si elles peuvent s’adapter en accolant plusieurs unités de base.

Le coût tend à perdre de son intérêt, car la popularité de ce produit dope le marché et les problèmes économiques mondiaux nous privent partiellement de conteneurs ayant effectué un premier voyage, dont le coût est bien inférieur à celui des neufs, pour une qualité comparable.

Les modifications du bâti

Portes closes, un conteneur est un parallélépipède parfait en tôle ondulée, aux angles renforcés et à l’acier Corten® particulièrement adapté aux conditions extrêmes qui le rend plus de deux fois plus résistant que les aciers de construction.

Il s’agit d’un élément structural très intéressant en termes de résistance et de durabilité. Sa présentation en fait donc un produit de choix dans le cadre de l’auto-construction et des constructions modulaires. Mais l’usage détourné pour construire des habitations va poser quelques problèmes.

La structure

Si la structure fait la rigidité et la solidité, toute altération vient rompre cet équilibre. Or, une construction à usage d’habitation nécessite des ouvrants (portes et fenêtres) qui seront découpés dans la structure. Si le volume intérieur disponible ne suffit pas il faudra accoler et/ou empiler plusieurs unités de base et les découper pour les rendre utilisables. L’empilement ne pose pas de problème, car la résistance structurale est prévue pour supporter un empilement sur au moins cinq niveaux de conteneurs pleins de marchandises comme on peut l’observer sur des navires porte-conteneurs.

Les découpes devront donc s’accompagner de renforts structuraux adaptés comme des encadrements renforcés et des poteaux de soutènement.

Même si les conteneurs sont très résistants à la corrosion perforante grâce à la nature de leur acier, leur usage en mode enterré reste à évaluer, du moins si l’on n’y ajoute aucune couverture isolante.

Dernier avantage structurel et non des moindres, les dimensions extérieures sont adaptées au transport routier traditionnel, ce qui permet d’apporter sur site les éléments construits à coût très raisonnable.

L’isolation et la ventilation

Naturellement, le conteneur n’est pas fait pour être isolant. Certains sont utilisés pour des transports de matières fraîches ou réfrigérées au prix d’une isolation renforcée et de l’adjonction d’un groupe électrique réfrigérant. Ce sont les modèles Hi Cube dont la surélévation permet l’installation de ce matériel.

Donc, il est impossible de vivre dans un conteneur brut qui se transformera en étuve en été et en réfrigérateur en hiver. Il faut une isolation conséquente extérieure, et intérieure. En effet, vivre dans un conteneur veut dire émettre des radiations thermiques qui, si elles touchent le métal donneront lieu à une condensation, elle-même cause de moisissures. Le problème de l’isolation intérieure est qu’elle réduit l’espace disponible ; l’isolation extérieure augmente elle la surface du bâti, même si un projet non abouti pour l’instant prévoit d’exclure l’isolation extérieure du calcul de la surface bâtie.

Isoler le conteneur va certes assurer un tampon thermique, mais contrairement aux autres constructions, elle ne règlera pas les transferts hydriques entre l’extérieur et l’intérieur, et ce dans les deux sens. C’est pourquoi il faut obligatoirement prévoir une ventilation active pour évacuer l’air vicié et l’humidité et insuffler de l’air sain et équilibré sur le plan hygrométrique. Cela se fera au moyen d’une Ventilation Mécanique Centralisée à double flux qui va assurer l’extraction de l’air intérieur vicié et l’aspiration de l’air extérieur. Dans un souci d’économie d’énergie, ajouter un échangeur thermique permettra de récupérer les calories émises à l’intérieur pour tamponner la température de l’air extérieur. Si l’on trouve un moyen de récupérer de l’air extérieur tamponné en température et en hygrométrie, une VMC simple flux sera suffisante. Ce moyen s’appelle un puits canadien-provençal. Il s’agit d’une prise d’air extérieure que l’on fait circuler à au moins deux mètres de profondeur dans le sol où la température et l’hygrométrie sont stables afin de les insuffler dans le bâtiment. Cela représente un coût fixe à l’installation, mais une économie sur le système de ventilation et de régulation thermique. Un système utilisant un matériau poreux, comme le grès, est préférable aux systèmes PVC qui favorisent l’humidité des conduits elle-même favorable à une altération de l’air ambiant apporté.

L’isolation extérieure permet d’éviter l’effet thermique de la structure et sert de base à un parement qui peut être facilement adapté aux exigences du Plan Local d’Urbanisme du site où l’on s’installe. Elle sera réalisée, selon les moyens financiers, en laine de verre ou de roche ou en matériaux plus écologiques (paille, chanvre, recyclages divers, etc.). L’isolation intérieure sera plus fine et devra servir également de régulateur hygrométrique pour affiner le travail de la ventilation selon les activités. La largeur contrainte du conteneur (233 cm en interne) oblige à une répartition linéaire des pièces et des éléments de vie. Pour tout autre projet, la seule solution reste d’accoler des conteneurs pour multiplier la largeur initiale.

La ventilation peut se faire en simple flux passif avec des aérations permettant de chasser l’air vicié vers l’extérieur au détriment de l’équilibre thermique, ou en recourant au puits canadien-provençal. À défaut, il faudra recourir à une ventilation à double flux avec échangeur thermique. La circulation des tuyauteries, pourra se faire sans perte de hauteur sous plafond en utilisant un conteneur Hi Cube dont la hauteur intérieure de 265 cm offre 30 cm de mieux que le modèle dry classique.

Les réseaux

Le dernier point à prendre en compte dans ce type de bâti est celui de la gestion des réseaux. En effet, il est fondamental de rationaliser l’installation pour des raisons de coût et d’entretien. Il faut tenir compte de trois types de réseaux : les fluides hydriques, le réseau électrique et les ondes électro-magnétiques.

Il est important de comprendre qu’avant de parler d’autonomie, il faut parler d’économies. L’apport hydrique est essentiel, mais doit être rationnalisé en supprimant les apports non essentiels et en réduisant les gaspillages. Nous gaspillons 40% de l’eau (généralement potable) utilisée dans un domicile pour assurer l’évacuation des urines et des selles dans les toilettes. Pourtant il est très facile d’économiser cette eau en utilisant des toilettes à litière bio-maîtrisée, dites toilettes sèches ou des toilettes à séparation qui permettent d’assécher les selles tout en récoltant les urines pour un autre usage. Si les toilettes sèches ne demandent aucune installation particulière, elles utilisent de la sciure qui doit être achetée et stockée. Les toilettes à séparation nécessitent une évacuation de la ventilation qui sert à assécher les selles via une ventilation à faible consommation électrique, et une évacuation des urines vers un contenant à grande capacité fourni avec le reste du matériel. Le coût des toilettes sèches est très faible et comprend une structure en bois, une lunette, un seau en inox et une pelle à sciure. Celui des toilettes à séparation est plus élevé (entre 1500 et 2000 €), mais offre un confort d’utilisation plus important. Les deux permettent d’importantes économies d’eau qui les rentabilise sur la durée et qui a un impact écologique fort, d’autant que le système de chasse d’eau produit des eaux brunes qui se transforment en boues brunes dont nous ne savons quasiment pas nous débarrasser de façon écologique. L’urine récupérée peut être utilisée comme adjuvant de l’arrosage du potager à une concentration ne dépassant pas 20% du volume total. L’urée qu’elle contient est un excellent fertilisant.

L’eau est récupérée de deux façons : par puisage (puits foré ou captation dans un cours d’eau) ou par récupération des eaux de pluie. Le puisage impacte la nappe phréatique et est susceptible d’être polluée selon l’environnement industriel ou agricole. L’eau la plus pure est celle des eaux de pluie qui doit néanmoins être filtrée. Une filtration grossière (élimination des résidus macroscopiques : feuilles, brindilles, etc.) donnera une eau impropre à la consommation mais adaptée à l’arrosage, au lavage des sols et des matériels, voire au lavage des vêtements. Pour la rendre adaptée à la consommation humaine, une filtration fine permettant d’éliminer les résidus les plus fins, les métaux lourds, les éléments chimiques dangereux sera nécessairement associé à une irradiation UV pour éliminer les agents pathogènes (virus, bactéries, champignons, etc.). L’eau peu filtrée sera distribuée sur des réseaux extérieurs (jardin, garage, composteur, cellier et buanderie) et l’eau filtrée sera apportée dans la salle de douche et la cuisine, les deux réseaux ne devant pas cohabiter dans la même pièce selon la réglementation.

Le réseau électrique devra forcément émaner de sources renouvelables (photovoltaïque solaire, éolien et hydroélectrique), utilisées en association avec des systèmes de stockage (batteries) ou en complément avec une revente au réseau public. Dans le cadre d’une autonomie totale, il faut prévoir des systèmes permettant d’éviter les surcharges en cas de surproduction (systèmes de fuite, production de gaz comprimé, pompe à eau de stockage, etc.). L’autre problème est celui des ondes émises par les fils électriques qui, dans un environnement métallique peuvent être amplifiées. La solution passe par un gainage du réseau offrant une mise à la terre et une étanchéité aux ondes électromagnétiques.

Les réseaux de transmission pour le WIFI et la téléphonie peuvent être impactés ce qui conduira à prévoir des systèmes de ré-amplification.

Au final, le conteneur reste une solution intéressante dont les défauts peuvent être contournés et dont les avantages permettent un gain de temps non négligeable dans la réalisation des travaux.

Les installations périphériques

Comme nous l’avons vu précédemment, le bâti a besoin d’éléments périphériques sans lesquels il ne saurait être utilisable.

Les fondations

Tout type de fondation est possible, mais dans un souci écologique de moindre prégnance environnementale le système de plots supportant la structure s’impose. Selon la nature du sol, il est composé de pieux métalliques plantés dans la couche dure du sol ou, sur un sol plus instable, de plots bétonnés supportant les pieux. Cela crée de fait un vide sanitaire utile notamment au raccordement d’autres éléments extérieurs totalement ou partiellement enterrés.

Le puits canadien-provençal

Ce système vient puiser l’air extérieur par une bouche d’aération grillagée pour éviter l’entrée d’insectes dans le conduit. Ensuite l’air circule dans un conduit enterré à au moins deux mètres de profondeur afin de profiter de l’inertie thermique de la terre à cette profondeur. Enfin il remonte par un conduit sous la pièce recevant la VMC afin d’être utilisé pour la ventilation. Si les conduits en PVC sont largement plébiscités ils présentent un inconvénient majeur, celui de la condensation causée par la différence thermique entre l’air extérieur et l’air souterrain. Cette condensation nécessite une évacuation à la partie la plus déclive du système et peut causer une pollution de l’air transmis dans la ventilation. La solution la plus simple est d’utiliser des conduits en grès, car cette matière empêche la condensation de l’air et donc l’apparition de gouttes d’eau, car le point de rosée n’est pas atteint grâce à la régulation de l’air lié à la plasticité du matériau.

La récupération de l’eau de pluie ou de pompage

La technique la plus classique associe une toiture et des cheneaux récupérant l’eau de pluie et la conduisant à une cuve, généralement enterrée, d’où elle sera puisée et filtrée. Selon la fréquence des pluies on peut se contenter d’une récupération périphérique (casquettes du toit, bâtiments annexes) permettant d’avoir un toit végétalisé très utile pour participer à la régulation thermique du bâtiment, ou bien une toiture plus classique permettant de récupérer le maximum des eaux de pluies quand elles sont rares. La cuve sera préférentiellement enterrée pour éviter les variations thermiques susceptibles de favoriser la production d’algues et en béton pour compenser l’acidité des eaux de pluie. Un préfiltre assurera la filtration macroscopique et une pompe sera installée sur chacun des deux réseaux d’usage, comme nous l’avons vu précédemment. Pour les eaux propres à la consommation humaine, un ensemble de filtration fine et une unité d’irradiation UV sera installée à proximité des zones d’utilisation. Un chauffe-eau solaire installé en rez-de-chaussée (toit plat) ou dans les combles assurera la production d’eau chaude sanitaire. Un réservoir de stockage de l’eau filtrée en inox peut être prévu en cas de filtration lente (filtre céramique ou à osmose inversée) et son installation en hauteur assurera un bon débit aux robinets.

L’eau de pompage nécessitera le creusement d’un puits artésien ou à pompage actif au moyen d’une pompe électrique ou d’une éolienne de pompage. La captation dans un cours d’eau nécessitera des démarches règlement longues et compliquées qui peuvent s’associer à une demande de bief en vue d’une production hydroélectrique. Le filtrage et le suivi de ces eaux sera lui aussi pointilleux pour un usage alimentaire.

Ce suivi se basera sur des prélèvements étudiés en laboratoire indépendants à des fréquences idéalement mensuelles et nous excéder une fréquence semestrielle.

La production électrique

Aujourd’hui, le meilleur système reste le photovoltaïque solaire. Des panneaux solaires reliés à un onduleur qui transforme le courant continu en alternatif et qui peut produire du courant basse tension (12 ou 24 volts pour l’éclairage) ou tension ménagère (220 volts pour les appareils ménagers). En cas de maintien d’un lien avec l’opérateur public ou privé, l’autoconsommation peut être limitée à 50% des besoins, le reste étant fourni par l’opérateur, ce qui évite d’utiliser des systèmes de stockage.

Si l’on recherche une véritable autonomie, il faudra augmenter la surface de captage, disposer d’un onduleur spécial permettant d’éviter les surcharges, et avoir des batteries adaptées pour stocker en vue d’une restitution en cas de mauvais temps et la nuit. Bien entendu cette option est beaucoup plus chère. On peut aussi éviter la dispersion de l’électrique produite en excédent au moyen d’une interactivité avec des éléments satellites comme un véhicule électrique branché sur le même réseau, un système de pompage de l’eau depuis une cuve basse vers une cuve haute qui renverra l’eau sur une centrale hydroélectrique dans les périodes creuses et pourquoi pas des appareils gourmands en courants, comme une pompe à air comprimé qui offrira une énergie alternative pour des usages domestiques (aspirateur centralisé) ou technique (atelier).

En complément du solaire il existe deux autres systèmes d’usage courant comme l’éolien et l’hydroélectricité. S’ils sont intéressants, ils sont aussi demandeur d’une grande patience, car les obstacles administratifs sont nombreux et persistants. Leur coût n’est pas négligeable et leur rendement moindre que celui du photovoltaïque.

Autres installations à prévoir

Nous devons aussi envisager une possible extension du bâti, voire une mixité entre le conteneur et la construction bois. Il faut donc prévoir une possible extension des réseaux dont certains seront indépendants et d’autres partagés.

La recherche d’autonomie passe forcément par la gestion des déchets. Deux systèmes sont à prévoir :

  • L’évacuation et le traitement des eaux grises ;
  • Le compostage des déchets organiques y compris les selles.

Ces sujets méritent un article à part.

Enfin, sans prétendre à l’autonomie en la matière, la production végétale sera néanmoins à organiser pour réduire les frais dans le domaine alimentaire. Celà pourra être en outre une saine occupation des résidents n’ayant pas d’activité professionnelle.

À titre d’illustration des possibilités, voici mon projet personnel adapté à l’usage d’un fauteuil roulant.

Guihem de Carcassonne, le 1er juin 2022.

Diagnostic de foi

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Diagnostic de foi

La vie du croyant, du novice et du chrétien est traversée de crises. Cela ne doit pas nous surprendre, car quand l’engagement est aussi total que celui d’une foi qui nous pousse à une totale cohérence entre nos sentiments, nos conceptions doctrinales et nos pratiques — dans cette vie et surtout au-delà —, la sérénité serait à considérer comme de l’inconscience.Read more

Pratiques rituelles

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Pratiques rituelles communautaires

La communauté évangélique (maison cathare) est rythmée dans sa vie quotidienne par des pratiques rituelles régulières.
Cela ne concerne donc que les chrétiens consolés et les novices en formation.
Ces pratiques sont de deux sortes, celles qui s’effectuent à des moments précis (Heures, Jours et Carêmes) et celles qui n’ont pas de bornage horaire précis (Amélioration, Baiser de paix et Bénédiction du pain). Le service mensuel, la Consolation et la convention sont particuliers et seront traités séparément.

Jours

Ce sont les périodes régulières de jeûne strict (pain et liquides clairs).

Tout au long de l’année, sont jeûnés de façon stricte les lundis, les mercredis et les vendredis.

Pendant les carêmes, sont jeûnés de façon stricte tous les jours de la première (du lundi au dimanche inclus) et de la dernière semaine (du lundi au vendredi inclus).

Heures

Par rotation de trois mois les horaires des rituels quotidiens sont adaptés à la course du soleil, basée sur le méridien de Paris pour le moment. Vous trouverez ci-dessous les horaires de chaque rituel :

Équinoxe de printemps :
février – mars – avril
  Solstice d’été :
mai – juin – juillet
  Équinoxe de printemps :
août – septembre – octobre
  Solstice d’hiver :
novembre – décembre – janvier
Matines (double) : de 6h00 à 6h20
Laudes (double) : de 7h00 à 7h20
Prime (simple) : de 7h40 à 7h50
Tierce (simple) : de 10h00 à 10h10
Sexte (simple) : de 13h00 à 13h10
None (simple) : de 16h00 à 16h10
Vêpres (double) : de 19h00 à 19h20
Complies (double)  : de 21h30 à 21h50
  Matines (double) : de 5h30 à 5h50
Laudes (double) : de 6h30 à 6h50
Prime (simple) : de 7h10 à 7h20
Tierce (simple) : de 9h30 à 9h40
Sexte (simple) : de 12h30 à 12h40
None (simple) : de 15h30 à 15h40
Vêpres (double) : de 18h30 à 18h50
Complies (double)  : de 21h00 à 21h20
  Matines (double) : de 6h00 à 6h20
Laudes (double) : de 7h00 à 7h20
Prime (simple) : de 7h40 à 7h50
Tierce (simple) : de 10h00 à 10h10
Sexte (simple) : de 13h00 à 13h10
None (simple) : de 16h00 à 16h10
Vêpres (double) : de 19h00 à 19h20
Complies (double)  : de 21h30 à 21h50
  Matines (double) : de 6h30 à 6h50
Laudes (double) : de 7h30 à 7h50
Prime (simple) : de 8h10 à 8h20
Tierce (simple) : de 10h30 à 10h40
Sexte (simple) : de 13h30 à 13h40
None (simple) : de 16h30 à 16h40
Vêpres (double) : de 19h30 à 19h50
Complies (double)  : de 22h00 à 22h20

Pensez à ajouter un temps de médiation et d’étude après chaque rituel d’une durée identique à celui du rituel.
Vous pouvez donc contacter les membres d’une maison cathare après la prime, la tierce, la sexte et la none en respectant le temps de rituel et de méditation (prévoir un battement de dix à trente minutes).

Carêmes

Les dates des carêmes sont calculées comme suit :

Carême de la désolation : 40 jours dont le dernier est le vendredi avant Pâques.
Carême de la Consolation : 40 jours à partir du lundi de Pentecôte inclus.
Carême de la régénération : 40 jours dont le dernier est le vendredi le plus proche du solstice d’hiver.
Évitez de solliciter les pratiquants pendant les premières et dernières semaines où le jeûne strict est particulièrement fatigant.

Baiser de paix ou Paix (Caretas)

Ce rituel est le seul qui peut se pratiquer entre croyants en l’absence d’un chrétien consolé.

C’est le mode de salutation qui se pratique systématiquement après un autre rituel ou, éventuellement entre croyants, en dehors d’un rituel.
Il ne peut se pratiquer qu’entre personnes de même sexe. Dans le cas contraire il est simplement mimé à distance (pour les accolades).
Il ne se pratique qu’en intimité entre croyants et consolés. Si des personnes extérieures sont présentes, un simple signe de tête le remplace.

Les participant se donnent trois accolades successives en alternant à chaque fois l’épaule du coreligionnaire. Il n’y a pas d’ordre de début (gauche ou droite).
Après la troisième accolade, les participants échangent un baiser à bouche fermée, en travers de la bouche du coreligionnaire.

Si des chrétiens consolés participent, le plus ancien dans le niveau le plus avancé (consolé, ancien, diacre, fils mineur et majeur, évêque) transmettra le rituel au groupe de sexe opposé en baisant un côté de la couverture du Nouveau Testament et en faisant baiser l’autre côté par la personne la plus ancienne (chrétien ou croyant) de l’autre sexe qui ensuite pratiquera des Baisers de paix classiques avec son groupe.

Cette pratique se fait toujours dans l’ordre d’ancienneté.

Amélioration (Melhorier)

Cette pratique constitue le rituel de base entre croyants et chrétiens consolés.
Il s’agit, dans l’ordre croissant d’ancienneté, de demander à un chrétien consolé, son entremise et son soutien dans le cheminement chrétien afin de pouvoir arriver au salut.

Elle consiste en une révérence pratiquée debout, suivie d’un agenouillement, d’une bénédiction et de trois prosternations entrecoupées de trois phrases rituelles :

Les deux premières fois, le demandeur dit :
– Chrétien (ou chrétienne), la bénédiction de Dieu, de l’Église et la vôtre
Le chrétien officiant répond :
Recevez-la de Dieu, de l’Église et de nous

La dernière fois, le demandeur dit :
Priez pour nous pêcheurs, afin qu’Il fasse de moi un(e) chrétien(ne) et qu’il me conduise à une bonne fin.
Le chrétien officiant répond :
Que Dieu vous bénisse. Dieu veuille faire de vous un(e) chrétien(ne), et vous conduire à une bonne fin.

Bénédiction du pain

Lors d’agapes, repas pris en commun entre chrétiens consolés et croyants uniquement, le plus ancien des consolés pratique la bénédiction du pain en mémoire de la cène.

Il prend le pain (entier ou déjà coupé pour éviter de faire trop de miettes) qu’il enveloppe dans un linge blanc, tenu en losange (pointe en haut et en bas) sur son épaule. Il prononce un Pater à vois normale et une formule de bénédiction personnelle (à voix étouffée). Ensuite, il distribue un morceau de ce pain à chaque convive, dans l’ordre d’ancienneté dans le cheminement, et veille à ce qu’aucun morceau ou miette ne se perde. Chacun mange alors son morceau de pain, sans en perdre une miette. Rien ne doit rester à la fin du repas.

Voilà une présentation succincte qui pourra faire l’objet de publications plus détaillées dans les pages grand public et, bien entendu, dans les pages réservées aux abonnés.

Éric Delmas, 2 juin 2020.

Ascèse et abstinence-2

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Ascèse et abstinence-Praxis

Les fondamentaux de l’ascèse

Il faut toujours garder à l’esprit que la religion est, chez les cathares, à la fois une approche doctrinale intellectuelle et une mise en pratique conforme. Sur ce point il y a totale conformité avec les philosophes grecs qui ne concevaient pas la philosophie comme un simple exercice intellectuel. Les temps ont malheureusement bien changé avec les néo-philosophes romains, la scolastique judéo-chrétienne et la sophistique moderne.
Chaque point doctrinal dispose donc d’un pendant pratique ainsi que nous allons le voir maintenant.
Comme toujours, pour des personnes vivant dans un monde de surabondance aliénatrice, c’est la privation — l’abstinence — que nous retenons avant tout. Mais l’ascèse peut avoir aussi une pratique positive. Le détachement, le lâcher-prise sont des formes d’ascèse positive qui mènent à l’ataraxie.

Le détachement

En fait, il y a totale divergence de vue entre l’analyse que fait le croyant avancé et le novice, en attendant d’avoir l’avis d’un Consolé, et celle du reste de la population moyenne. La volonté de vivre nous pousse à vouloir accaparer en vue de périodes difficiles, comme nous le faisons depuis l’aube de l’humanité. Notre organisme est programmé pour cela, ce qui explique les problèmes liés à l’abondance permanente que nous connaissons (obésité, égocentrisme, ostracisme, violence, pauvreté).
Or, la solution est à l’opposé de cela, mais elle demande de bien vouloir faire une pause dans sa frénésie survivaliste pour en comprendre les mécanismes et l’aliénation qu’elle provoque. Notre société, confrontée aux dangers climatiques et aux conflits qu’ils vont provoquer, se divise de fait en trois groupes :

  • la décroissance extrême visant à l’extinction volontaire de l’humanité (VHEM) par l’abstention de toute reproduction humaine ;
  • la décroissance raisonnée visant à réduire l’empreinte humaine sur la planète ;
  • le refus de considérer le risque global au profit de solutions individuelles (survivalisme).

En raison de ses conceptions doctrinales, le cathare ne peut se positionner dans les deux catégories extrêmes (extinction et survivalisme), mais la décroissance étant un fourre-tout extrêmement varié, il va y puiser une attitude spécifique pas toujours bien comprise. Le détachement est l’objectif absolu du cathare, car il permet de dissocier — au moins partiellement — la part mondaine qui nous contraint de la part spirituelle qui est notre être profond. Tout ce que fait, pense et dit le cathare vise au détachement qui est le passage nécessaire du salut.

L’abandon de la possession

La propriété répond au concept du conflit mimétique, comme l’a si bien expliqué René Girard[1]. Comme les autres animaux nous voulons posséder ce que possède l’autre, mais nous avons poussé le concept encore plus loin. En effet, l’homme est le seul animal à vouloir posséder ce que l’autre rêve de posséder !
Cela conduit à une frénésie de possession sans fin qui nous conduit à l’asservissement. Pour posséder il faut disposer de moyens de plus en plus importants et, à terme, il n’y a qu’une issue possible : la frustration, car un système sans fin ne peut être satisfaisant.
Le cathare a fait le deuil de la possession, car il veut se libérer de cet asservissement. Comme les tenants de la décroissance raisonnée, il évalue ses besoins réels et se contente du strict nécessaire à les pourvoir. De cette façon il est dans l’humilité. C’est ce que j’appelle la pauvreté choisie[2] par opposition à la misère subie. En outre il est conscient que posséder plus que le nécessaire est indirectement une façon de priver les autres du nécessaire. C’est donc une forme de violence qui leur est faite.
La possession n’est pas seulement matérielle. La compréhension qu’a le cathare de sa position strictement égalitaire et l’entendement qu’il a du caractère malin de l’apparente division de l’Esprit qu’il observe dans la diversité humaine, lui confirme qu’il n’est qu’une part identique aux autres de cette unité qui n’aspire au final qu’à se reconstituer. Cette compréhension renforce son humilité et lui rend impossible toute volonté de possession d’un pouvoir sur les autres. Il fuit tout ce qui pourrait s’apparenter à une prise de contrôle des autres et tout ce qui pourrait tenter de prendre le contrôle sur lui. Les relations internes à la communauté évangélique des Bons-Chrétiens est basée sur une organisation unanimement désirée et l’obéissance tient à ce pacte. En désignant une hiérarchie horizontale, c’est-à-dire strictement fonctionnelle, les cathares organisent ce qui nécessite de l’être dans ce monde imparfait, mais ne cèdent en rien leur certitude d’être un tout parfaitement unifié. Le catharisme ne peut en aucune façon être soumis à des gourous ou des papes.

La sensualité

C’est un point essentiel. Le cathare considère qu’il est prisonnier dans ce monde, créé ou organisé, par le démiurge pour maintenir prisonnière la part de l’Esprit — que j’appelle les esprits-saints —, émanant de Dieu, qu’il a dérobé pour animer durablement sa création vide d’Être. Cet emprisonnement n’est possible que si les esprits-saints ne sont pas conscients de leur emprisonnement, sinon ils mettraient tout en œuvre pour s’échapper à tout prix. Vous trouverez le détail de ce point dans mon travail sur la chute d’Adam le premier esprit tombé[3].
La prison est le corps dont le geôlier est l’âme humaine qui lutte en permanence pour maintenir l’esprit-saint dans l’ignorance de son état. L’appât qu’elle utilise est la sensualité, dans son acceptation la plus large, c’est-à-dire le recours aux cinq sens qui viennent « récompenser » les comportements jugés acceptables. Une jolie musique nous met en marge des soucis quotidiens, un bon repas nous fait oublier ceux qui meurent de faim, un vêtement soyeux nous faire croire que nous sommes au-dessus du lot, etc. Bien entendu, le summum de la sensualité est ce qui satisfait nos cinq sens en un seul acte : l’acte sexuel ! Et si cet acte bénéficie d’une telle récompense c’est tout simplement parce qu’il remplit la fonction la plus essentielle voulut par le démiurge : la génération de corps destinés à remplacer ceux qui se délitent et meurent, en raison de leur imperfection, afin de garantir de maintenir en prison les esprits-saints qui ne peuvent demeurer dans l’oubli sans ce système.

Le lâcher-prise[4]

Loin de l’image un peu new age qui lui est attribuée, le lâcher-prise est un élément fondateur du catharisme. En effet, Dieu étant étranger et absent de ce monde, l’homme n’a pour seuls rapports avec lui que les informations transmises par son message : Christ. Or, ces informations ont été parfois mal comprises, parfois malmenées et toujours falsifiées, interpolées, pour aboutir au final à un salmigondis de données très difficiles à saisir. Mais le croyant va comprendre que pour être en état de spiritualité avancée, la solution n’est pas dans la recherche ou la reconnaissance d’un texte authentique — il n’y en a plus depuis longtemps —, mais dans la compréhension du message qui nous a été transmis. Si Jésus n’a pas laissé de trace évidente et indiscutable c’est pour la bonne raison que la solution ne vient pas de l’extérieur, mais de l’intérieur. C’est en faisant mourir la part mondaine en nous et en accueillant l’émergence de la part divine qui est notre fonds spirituel que nous pourrons avancer vers le salut. La mort de l’Adam, premier esprit tombé dans la matière faisant ressusciter en nous le christ trop longtemps maintenu dans l’incapacité d’agir, va permettre la mise en œuvre des conditions de notre salut.
Mais il y a loin de la coupe au lèvres, et l’image de l’homme accroché à sa bouée qui l’entraîne vers le tourbillon mortel montre bien comme il est difficile de lâcher ce qui nous semble tangible pour oser partir à l’aventure. Or, c’est le quotidien du cathare. Car ce monde, auquel il se confronte — contrairement aux moines reclus qui l’évitent —, est à l’opposé de cette démarche. C’est là que les cathares nous montrent combien ils étaient dans la clairvoyance, car en vivant une expérience moniale tout en acceptant l’opposition mondaine, ils avaient la possibilité de décrypter les pièges du monde et de différencier ce qui relevait de la réalité et ce qui venait de la « matrice » mondaine que le démiurge leur opposait.

La praxis cathare

La continence sexuelle

S’il est un point qui relève le plus de l’humilité c’est bien celui de la continence sexuelle. En effet, ayant compris que le démiurge avait la volonté de nous forcer à procréer, ils savaient qu’ils devaient y résister. Mais leur grande humilité les conduisait à considérer que résister au démiurge sur un point aussi essentiel pour lui était à la limite de l’impossible pour des créatures aussi fragiles et diminuées dans leur emprisonnement. Aussi avaient-ils mis en place tout un ensemble de procédures extrêmement strictes visant à empêcher tout faux pas.
Non seulement ils se refusaient à pratiquer tout acte sexuel, ce qui est le moins, mais ils évitaient aussi tout contact avec une personne de l’autre sexe, et poussait le bouchon jusqu’à prohiber toute promiscuité.
Ainsi, les cathares refusaient de toucher une personne de l’autre sexe, en l’occurrence dans les textes qui nous sont parvenus, des femmes, mais ils allaient jusqu’à refuser de s’asseoir sur le même banc ou de rester enfermés dans la même pièce sans témoin.
Dans les pratiques rituelles, le livre sacré du Nouveau Testament était utilisé comme barrière entre un cathare et une femme lors du baiser de paix. Lors des Consolations, les mains des Bons-Chrétiens qui officiaient ne touchaient pas la tête de novice, à la fois pour éviter ce contact entre sexes opposés, mais aussi pour signifier qu’ils ne conféraient rien de leur part, étant simplement des intermédiaires entre le demandeur et le paraclet.
Logiquement ils s’associaient à un compagnon, appelé socius chez les hommes et socia chez les femmes, de même sexe en raison de la grande proximité que leur vie évangélique imposait. Pour autant ce n’était pas du fanatisme, car les sexes se mélangeaient sans ostracisme dans les réunions et les prêches.
S’il est évident que l’abstinence est toujours d’actualité en matière de relations sexuelles, puisque les motivations sont les mêmes pour les couples hétérosexuels, elles s’appliquent également aux couples homosexuels pour les motivations liées à la sensualité qui éloignent du spirituel au profit exclusif du temporel. Bien entendu, je ne parle là que des Consolés ; les croyants, les sympathisants et les autres ne sont nullement concernés.

Concernant la continence dans la proximité, il faut la maintenir dans les périodes rituelles, car ces périodes nécessitent un investissement total que la moindre distraction viendrait compromettre. Par contre, notre époque et notre culture occidentale ont largement détendu les relations quotidiennes entre les sexes, au point que voir une femme en jupe courte ou un homme torse nu, ne risque plus de provoquer de troubles à l’ordre public. Il est donc cohérent de considérer que s’asseoir à proximité d’une personne d’un sexe différent ou même demeurer dans une même pièce pendant quelques instants ne sauraient être considérés comme des fautes. Cela doit être adapté à chaque culture, car les mouvements de population nous montre qu’il existe encore des problèmes dans les relations entre les femmes et les hommes.

L’alimentation

L’abstinence alimentaire des cathares pose plusieurs problèmes. Il y a la volonté de vivre dans l’humilité en ne prenant à l’environnement que le strict nécessaire à la vie du corps qui nous enferme. Et pour déterminer ce strict nécessaire le corps est entraîné par la pratique des jeûnes qui montrent que la volonté d’appropriation de la nourriture, héritée des temps préhistoriques, est une marque mondaine que rien de spirituel ne peut justifier. La nourriture, malheureusement nécessaire, ne doit donner lieu ni à la violence, ni à l’excès susceptible de flatter la vanité et l’orgueil.
Nous le voyons, trois plans d’analyse s’ouvrent à nous :

  • le choix alimentaire qui vise à contenir la violence d’une part, et à choisir des aliments qui ne puissent pas favoriser l’exaltation des passions mondaines d’autre part ;
  • l’abstinence alimentaire visant à entraîner le corps à accepter ce qui lui est strictement nécessaire ;
  • l’organisation rituelle des prises alimentaires qui permet de contenir ce temps mondain dans un temps spirituel plus large.

Les choix alimentaires

Les cathares du Moyen Âge ne consommaient aucune nourriture issue des animaux dont la procréation nécessitait un coït. Ce choix était pour eux lié au fait que ces animaux étaient de la même nature que nous, puisque les hommes se reproduisaient aussi par ce biais. Ils considéraient donc ces animaux comme appartenant à un niveau élevé de la chaîne de la vie terrestre. Les connaissances scientifiques de l’époque en terme de biologie étaient telles que, faute d’avoir compris les différents phénomènes de reproduction animale, les hommes considéraient beaucoup d’espèces comme n’étant pas animales, mais d’une certaine façon plutôt végétales. C’est notamment le cas des espèces vivant dans l’eau. La reproduction dans l’eau n’étant pas comprise, l’apparition d’alevins s’apparentait pour eux à certaines formes de reproduction végétales, notamment celles des algues. Les poissons, les crustacés et les fruits de mer, selon leur accès étaient donc mangés sans le moindre doute. Par contre, des produits animaux indirects étaient rejetés, car contenant de la matière grasse animale responsable d’un apport énergétique excessif préjudiciable à la bonne tenue du corps. Nous avons tous en tête ce prêche de Prades Tavernier, Bon-Chrétien du dernier sursaut cathare au 14esiècle[5]. C’est pourquoi les cathares rejetaient les œufs, d’une part parce qu’à leur époque poules et coqs vivaient ensemble et les œufs étaient donc fécondés, pais aussi parce que les œufs contiennent une matière grasse animale fortement proscrite. L’interdit alimentaire de toute nourriture animale était si fort — ce qui veut dire que la crainte qu’en avaient les cathares était si forte —, que le transgresser faisait perdre le statut de Consolé à celui qui commettait cette faute.
Contrairement aux bogomiles notamment, les cathares n’interdisaient pas formellement le vin. Il faut fortement relativiser cela. En effet, à l’époque le vin était de mauvaise qualité. C’est pour cela qu’il était courant de l’aromatiser pour en masque le mauvais goût. Cette tradition s’est perpétuée, même le vin s’est énormément amélioré et l’hypocras d’aujourd’hui — dont les recettes sont très nombreuses — en est la survivance. Malheureusement l’eau n’était pas plus agréable quand on n’avait pas la chance de vivre à la campagne. Elle était puisée dans des récipients à l’hygiène discutable et croupissait de longues heures à température ambiante avant d’être consommée, ce qui devait lui donner un goût douteux, même pour les palais médiévaux. Donc l’idée de mettre un peu d’eau dans le vin ou plutôt un peu de vin dans l’eau était logique. L’un et l’autre atténuaient les désagréments communs. Et c’est bien cela qu’il faut retenir, car les témoignages devant l’Inquisition sont clairs : la consommation de vin exigeait qu’il soit très largement étendu d’eau, au point qu’il eut à peine le goût du vin, nous dit même un déposant.

Aujourd’hui, il faut éviter de tomber dans le dogmatisme d’imitation. La connaissance scientifique nous apprend que la vie animale est bien plus large et que nous devons donc nous abstenir de toute forme de produit d’origine animale. Cela correspond au régime végétalien. On peut même ajouter qu’il faut ‘abstenir autant que faire se peut de produits d’origine animale dans notre vie courante, comme le font les végans. L’industrie commence à s’adapter et nous permet généralement de choisir des produits qui n’ont pas recours au monde animal, contrairement aux médiévaux qui n’avaient pas ce choix. Concernant la boisson, la qualité de l’eau ne justifie plus l’usage de vin ni d’aucun autre alcool dont les effets néfastes sont contraires à la vie quotidienne des cathares.

Les jeûnes

Il existe trois formes de jeûnes chez les cathares.

  1. le jeûne de carême, permet de restreindre dans l’alimentation ce qui produit de l’énergie et qui peut favoriser l’expression de la volonté du corps, empêchant par là l’expression spirituelle.
  2. le jeûne strict, pratiqué trois fois par semaine (lundi, mercredi et vendredi) ainsi que toute la première semaine et les cinq premiers jours de la dernière semaine des carêmes, vise à contenir la volonté mondaine du corps en ne lui apportant qu’un strict nécessaire sous la forme de pain, de liquides clairs (thé, café, eau, jus clairs, bouillon, etc.).
  3. l’endura, qui est un jeûne absolu limité à trois jours et trois nuits, qui ne se pratique qu’à la suite d’une Consolation, afin de maintenir le nouveau consolé dans l’état de pureté que vient de lui conférer ce sacrement. Cela lui permet également de se concentrer de façon absolue sur son nouvel état spirituel.

Comme je viens de le dire les jeûnes sont des restrictions alimentaires modérées (à l’exception de l’endura) qui amoindrissent le régime végétalien en lui retirant les produits gras ajoutés (huile, margarine) et en restreignant les produits à haute valeur énergétique, comme les sucres rapides ajoutés ou les produits festifs.
Le jeûne strict limite encore plus l’alimentation, mais en apportant suffisamment de nutriments pour ne pas mettre le corps en carence. Sa fréquence élevée est un véritable entraînement du corps qui apprend ainsi à revoir ses prétentions.
L’endura est un point très particulier, même s’il a fait l’objet de nombreuses spéculations et affirmations hasardeuses de la part des historiens. Cette privation volontaire de trois jours (trépassement), assimilée à tort à un suicide, est au contraire un rituel de purification. Sa durée très limitée ne mettait pas le corps en danger ; au contraire, on voit dans les témoignages que parfois elle ranimait un mourant en lui imposant un jeûne salutaire. Sans doute la médecine de l’époque avait-elle du mal à définir la gravité d’un patient et certains abus de chair ont-ils été considérés comme une agonie.

Les carêmes

Le christianisme des origines respectait trois carêmes par an : celui de l’Avent qui se terminait au solstice d’hiver, associé à des fins politiques à la naissance de Jésus, celui précédant Pâques, qui reprenait une pratique juive, et celui suivant la Pentecôte, le seul en fait qui était vraiment chrétien en cela qu’il visait à maintenir les disciples dans la pureté que venait de leur conférer la réception du baptême de feu, la Consolation.
Si les chrétiens orthodoxes ont conservé les deux premiers, il semble que les autres judéo-chrétiens ne respectent plus que celui précédant Pâques dont ils ont fait leur fête principale, la seule qui conforte leur vision sacrificielle du christianisme.

Éric Delmas, novice cathare


[1]Des choses cachées depuis la fondation du monde– René Girard – Éditions Grasset et Fasquelle 1978
[2]La pauvreté choisie, in Catharisme d’aujourd’hui – Éric Delmas
[3]Adam, le premier esprit tombé, in Catharisme d’aujourd’hui – Éric Delmas
[4]Lire aussi l’article correspondant dans : Catharisme d’aujourd’hui, le christianisme cathare du premier siècle à nos jours, Éric Delmas — Éditions Catharisme d’aujourd’hui.
[5]« Mais le Fils de Dieu dit aux bons chrétiens, quand il fut de retour au ciel : “ […] Il y a trois chairs, l’une est celle des hommes, l’autre celle des bêtes, la troisième est celle des poissons, qui se fait dans les eaux. Vous autres, mes petits enfants, ne mangez que de celles qui se font dans les eaux, car elles sont sans corruption ; mais les autres se font avec la corruption, et elles rendent la chair fort orgueilleuse.” »

Ascèse et abstinence-1

8-5-ecf-Praxis cathare
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Ascèse et abstinence

Privation ou élévation ?

Quand on les voit de l’extérieur, les règles monastiques ont en commun d’être considérées comme des privations, parfois assorties de punitions, mais le plus souvent vécues comme des sacrifices. Cette vision tient au fait que les observateurs ignorent un fait essentiel qui leur fait défaut : l’engagement spirituel qui inverse le paradigme animal, qui domine toutes les espèces, au profit d’un paradigme spirituel qui éloigne tout ce qui est animal.
Du coup le terme de privation devient erroné et doit être compris comme une forme d’éducation, tant spirituelle que charnelle. Cette éducation concerne en premier lieu la part mondaine de notre être qui est habitué à tout régir et à imposer sa loi, qui vise à la survie et à la domination. Cette éducation va utiliser les règles d’abstinence pour formater le corps et l’intellect — qui sont de nature mondaine —, au paradigme spirituel, qui inverse les rôles et les primautés. Le corps va devenir le support, inerte et obéissant, de l’esprit saint qu’il renferme, pour que ce dernier puisse se déployer du mieux possible, en vue de son évasion qu’il prépare, avec l’aide du paraclet, et qu’il réussira par la grâce du principe du Bien.
Il devient dès lors évident que ce qui apparaît, du point de vue du paradigme mondain, comme une privation, est en fait, du point de vue du paradigme spirituel, une élévation.

L’ascèse et l’abstinence sont liées, car la seconde permet la réalisation de la première. Elles sont à la fois doctrinales dans leur formulation et leurs motivations, tout en relevant de la praxis dans leur mise en œuvre. De même, elles relève des deux fondamentaux que nous avons déjà étudiés, eux-mêmes strictement dépendants du commandement christique de Bienveillance.

L’ascèse sur le plan doctrinal

D’un point de vue strictement littéraire et encyclopédique, il s’agit d’une technique de discipline du corps en vue d’une libération spirituelle. Bien entendu, les cathares avaient approfondi ce concept.

Aucun des auteurs que j’ai consultés n’a semblé en avoir saisi toute la dimension. Dans son ouvrage[1], René Nelli règle en quelques lignes le sujet et conserve l’approche sacrificielle liée au judéo-christianisme. Jean Duvernoy, dans sa somme[2], nous détaille très bien les différents éléments de l’abstinence, mais conserve lui aussi un regard extérieur imprégné de judéo-christianisme. Michel Roquebert, malgré un ouvrage[3]dédié à l’approche religieuse du catharisme, n’aborde jamais les éléments doctrinaux et la praxis des cathares, préférant se cantonner à des considérations théologiques très intéressantes mais détachées du fond de cette religion. Anne Brenon, même si elle en a donné une image précise et détaillée dans le second tome de son ouvrage[4], n’aborde pas la profondeur de ces pratiques ascétiques. S’il est un auteur qui semble s’être approché un peu plus de la profondeur de l’ascèse cathare, c’est sans doute Philippe Roy[5], qui nous rappelle combien cette pratique importante était avant tout un choix personnel et spirituel et non une démarche sacrificielle ou punitive.

L’ascèse chez les cathares est donc une discipline à la fois morale et physique, portée par une démarche spirituelle.

L’ascèse morale

Sur le plan moral elle touche aux deux fondamentaux. En effet, on peut classer ses applications en deux catégories : celles qui cherchent à ne nuire à personne et celles qui cherchent à développer l’humilité en nous.

Essayons de les lister. L’ascèse morale consiste à se retirer du monde et donc à ne plus participer à ses luttes de pouvoir. Le refus de juger les personnes, le refus d’affirmer quoi que ce soit, le refus de prêter serment, le refus de mentir. Forcément cela ouvre la porte à ceux qui veulent au contraire exercer leur pouvoir et affirmer leur vérité. Mais, pour les cathares ce n’est pas grave, car c’est en suivant leur règle avec fermeté et constance qu’ils démontrent la validité de leur foi, quand d’autres triturent les textes et modifient les règles dans le sens d’un allègement de leurs difficultés, afin de les rendre compatibles avec ce qu’ils veulent bien accepter comme contrainte. En effet, celui qui cherche à réduire les obligations d’une règle ment deux fois : d’abord en prétextant qu’on ne peut pas la suivre aujourd’hui, alors qu’elle était pratiquée en d’autres temps, et en affirmant qu’on peut la modifier, même si l’on n’a pas d’argument doctrinal à lui opposer. On peut par contre la modifier si elle s’appuie sur des éléments de la connaissance générale qui ont évolués au fil des siècle, mais c’est en général en la développant et non en la restreignant.

Le refus de juger

Contrairement à beaucoup, le cathare ne considère pas que son engagement spirituel le rend meilleur ou plus clairvoyant que les autres. Au contraire, il prend conscience de sa fragilité dans un monde qui cherche à lui faire croire qu’il dispose du libre-arbitre alors que c’est faux. Par conséquent, il s’interdit de porter un jugement sur la personne de qui que ce soit. Quand il constate des problèmes dans l’expression des autres, il les relève et argumente contre ces propos ; le cas échéant il peut montrer que les propos sont contraires à la connaissance que nous avons du catharisme, en utilisant les publications contrôlées ou en proposant des sources à l’appui de ses dires. Critiquer un propos n’est pas juger une personne. Par contre, catégoriser une personne pour dénigrer son propos est interdit. Si le cathare se trouve confronté à cela il ne peut que le faire remarquer et se retirer de la discussion.
Dans un autre domaine, le cathare ne veut pas prendre parti. Il ne participe pas aux votes pour désigner des représentants puisqu’il reconnaît ne pas avoir les compétences pour juger entre tel ou tel candidat. De même, s’il soutient ceux qui souffrent, il ne se positionne pas en représentant des autres, ni en cherchant à obtenir un mandat électif politique, ni en prenant des responsabilités de représentation professionnelle. S’il s’investit dans une activité sans retentissement sur la vie des gens, comme dans le cadre d’une association, il veille à ne pas être le seul à décider.

Le refus d’affirmer quoi que ce soit

Dans la droite ligne du point précédent, le cathare refuse de se mettre en situation d’avoir à affirmer ce qui est vrai et ce qui est faux. Il peut donner son opinion, non sans préciser par des circonlocutions appropriées, que ce n’est qu’un point de vue relevant d’une impression qui ne prétend pas être la vérité. Ce point est très important, car dans notre monde nombreux sont ceux qui, au contraire s’expriment à la va-vite au risque de se retrouver dans l’impasse de leur empressement. Un vieux dicton nous demandait de tourner sept fois la langue dans la bouche avant d’affirmer quoi que ce soit et le Président américain, Abraham Lincoln, avait eu cette remarque délicieuse : « Mieux vaut se taire au risque de passer pour un imbécile, que de s’exprimer à tout prix et de ne plus laisser le moindre doute sur ce point. ».
Ce point, directement lié au fondamental de l’humilité, pose également un problème vis-à-vis des autres. En effet, la tentation était forte pour les sympathisants et les croyants d’interroger le Bon-Chrétien disponible sur tout et sur rien. Or, ce dernier n’avait pas forcément la connaissance et la compétence pour répondre. Et si l’on insistait, il courait le risque de se mettre en faute sur ce point en disant quelque chose d’inexact ou qu’il n’avait pas pu vérifier. C’est pourquoi, les cathares insistaient sur le fait que les croyants devaient éviter de presser de question leur interlocuteur et attendre qu’il les ai dirigé vers un prédicateur plus à même de leur répondre.

Le refus de prêter serment

Comme toujours, la doctrine cathare et la règle de justice et de vérité qui en découle, s’appuient sur l’exemple de christ. Ce dernier prohibe clairement le serment, comme cela est dit dans l’Évangile selon Matthieu : « Et moi je vous dis de ne pas jurer du tout, ni par le ciel, parce qu’il est le trône de Dieu, ni par la terre, parce qu’elle est le marchepied de ses pieds, ni par Jérusalem, parce qu’elle est la ville du grand roi. Ne jure pas non plus par ta tête, car tu ne peux en rendre blanc ou noir un seul cheveu. Que votre parole soit : oui oui, non non ; le surplus est du mauvais. » (34-37). C’est encore un niveau supplémentaire par rapport à la loi mosaïque, qui est incomplète, puisqu’elle se limite à interdire le parjure.
Cependant, nos sociétés ont instauré une justice dite populaire, qui fait intervenir des jurés désignés d’office par tirage au sort. Il est impossible de se mettre hors de portée puisque le tirage se fait sur les listes électorales où chacun est obligé par la loi de s’inscrire dès sa majorité. Donc, si un cathare se trouve contraint par la loi de se présenter devant une instance qui va lui demander de prêter serment, il doit expliquer qu’il ne peut le faire, mais qu’il veut bien collaborer dans les limites de sa foi et de ses compétences. Si on lui demande de prendre parti malgré ses explications, il doit alors prévenir qu’il prendra la décision la moins pénalisante pour la personne concernée, ce qui peut être considéré comme une entrave par l’autorité qui veut le forcer à agir. Dans le meilleur des cas il sera récusé, au pire il pourra subir une condamnation aussi injuste que contraire à la Constitution qui reconnaît la liberté de conscience.

Le refus de mentir

Ce point est commun à beaucoup de milieux, religieux ou non. Chez les cathares, en application de la parole christique qui ne fixe aucune exception à ce critère, il est plus étendu que dans d’autres milieux. Ainsi, la société civile interdit le mensonge dans certains cas : sous serment, quand il engage une autre personne, etc. Mais elle l’autorise pour se protéger ou dans un cadre familial, pour protéger un proche. Les religions judéo-chrétiennes sont plus exigeantes : elle interdisent tous les mensonges dont nous avons connaissance, qu’ils soient volontaires, actifs ou passifs (par omission). Les cathares interdisaient tous les mensonges également et y ajoutaient ceux dont ils n’avaient pas conscience au moment où ils étaient commis. C’est pour cela qu’ils évitaient d’exprimer des propos trop affirmatifs, préférant les circonlocutions évasives.
Ce point ne relève pas du fondamental d’humilité, mais de celui de non-violence puisque le mensonge porte tort à celui qui en subit les conséquences.

L’ascèse sociale

Le retrait du monde

Comme je l’ai dit, les cathares ne cherchaient pas à paraître en société. Les points précédents montrent qu’à l’évidence ils ne pouvaient pas se mettre en avant ni répondre favorablement aux demandes pressantes des croyants qui voulaient en faire des exemples moraux, comme on le voit souvent dans les dépositions devant l’Inquisition.
Ils vivaient leur vie cénobitique selon leur règle, mais quand ils devaient se mêler au monde, ils le faisaient en respectant les règles de ce dernier. Quand ils craignaient qu’un choix les entraîne à devoir respecter des règles sociales contraires à leur règle morale, ils se tenaient à l’écart, y compris à leur détriment. Nous connaissons le cas de l’animal pris au piège qui est relaté dans la règle du Nouveau Testament occitan de Lyon. Dans un cas, le cathare passe sans intervenir face à l’animal trouvé dans le piège. Cela peut choquer qu’il choisisse de ne pas intervenir. En fait, deux cas peuvent l’expliquer : l’animal est déjà mort et le libérer ne changerait rien ou bien le cathare n’a pas la possibilité d’indemniser le chasseur. Dès lors, il reste en dehors de la société des hommes et n’intervient pas.

Les bases philosophiques

Cela fait penser un peu aux philosophes qui refusaient d’intervenir quand ils estimaient cela contraire à leurs conceptions philosophiques. On raconte notamment l’histoire de Pyrrhon d’Élée[6], philosophe cynique, dont le maître, Anaxarque, était tombé dans une mare et qui le laissa ainsi sans rien faire. Sujet aux reproches de la population, Pyrrhon fut défendu par son maître qui loua son indifférence au monde. Les Stoïciens, disciples de Zénon appelés ainsi en référence au Portique où il philosophait, étaient aussi détachés du monde, comme le montre cette anecdote. Épictète[7], esclave romain d’origine phrygienne, fut torturé par son maître dans sa jeunesse. Celui-ci lui tordait la jambe au point que l’esclave lui dit : « Tu vas me casser la jambe. » ; son maître ne l’écoutant pas, la jambe se brisa et le sage dit alors : « Je te l’avais bien dit ! ». Quoique de condition modeste, Épictète fut considéré par l’empereur Marc Aurèle comme son maître en philosophie. À bien des égards il philosophait comme les cathares. On retrouve dans le livre que je vous conseille en note, de nombreuses remarques qu’appliquaient ou que n’auraient pas reniés les cathares. Il n’est pas cité par Diogène Laërce, sans doute mort plusieurs siècles plus tôt.

L’ataraxie bienveillante

Le cathare vit dans un espace particulier où le monde interfère peu avec lui, en temps normal. Cet état de détachement s’appelle l’ataraxie, la paix des sens ! Cependant, quand ils étaient au contact des croyants, et plus encore à celui d’autres personnes, ils ne laissaient pas paraître cet état et le cachaient derrière leur bienveillance.
Nous avons l’exemple des cathares se délectant ostensiblement devant les croyants d’un plat que ceux-ci venaient de leur offrir. Bien entendu, que leurs sens n’étaient pas totalement abolis, mais pour autant peu leur important que la nourriture soit mangeable ou excellente. Mais pour manifester leur sensibilité à l’effort du croyant, ils faisaient en sorte qu’il soit satisfait.
Cela est important à comprendre, car nous avons trop peu de témoignages de revêtus pour saisir le détail de leur psychologie sociale. Comme de logique ils étaient plutôt centrés sur leur spiritualité que sur leur place dans ce monde. Et quand nous lisons les témoignages de croyants, de sympathisants, voire de témoins désireux de se dédouaner vis-à-vis de l’Inquisition, notre lecture est viciée par la compréhension forcément réduite qu’en avaient ces personnes ; compréhension également pervertie par notre empreinte mondaine.

Si j’emploie ce terme d’ataraxie bienveillance — presque un oxymore —, c’est qu’elle reflète les deux versants de l’état de Bon-Chrétien en ce monde : une part spirituelle détachée de tout et une part mondaine empreinte de cet Amour auquel nous convie christ.
Cela explique que les relations sociales des cathares étaient parfois incompréhensibles du commun des mortels qui en ont fait un rapport, forcément erroné, lors de leur interrogatoire. Par exemple, quand quand Pierre Authier[8], avant de se rendre en Italie pour y suivre son noviciat avec son frère Guilhem, régla ses affaires en vendant ses biens ou en les répartissant entre sa femme, sa maitresse et ses enfants, il n’hésita pas à vendre à perte car le profit n’était plus pour lui un objectif.

Je traiterai de l’ascèse dans la praxis dans un prochain article.

Éric Delmas, novice cathare


[1]La vie quotidienne des cathares du Languedoc au XIIIesiècle– Éditions Hachette 1969
[2]La religion des cathares, t. 1 Le catharisme– Éditions Privat 1976
[3]La religion cathare, le Bien, le Mal et le Salut dans l’hérésie médiévale– Éditions Perrin 2001
[4]Le choix hérétique, t. 2 Dissidence chrétienne dans l’Europe médiévale– Éditions La louve 2006
[5]Les cathares. Histoire et spiritualité – Éditions Dervy 1993
[6]Vies, doctrines et sentences des philosophes illustres, Diogène Laërce – Éditions Flammarion 1965</ br>
[7]Épictète, Gabriel Germain – Éditions du Seuil 1964</ br>
[8]Peire Autier Le dernier des cathares, Anne Brenon – Éditions Perrin 2006

Les carêmes cathares

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Les carêmes cathares

Présentation

Il y aurait beaucoup de choses à dire sur les carêmes, mais seul le noviciat permet de les découvrir vraiment, au fur et à mesure de la pratique de vie communautaire. Cependant, je vais essayer de vous les présenter, d’un point de vue pratique d’abord, puis d’un point de vue plus spirituel ensuite.Read more

L’évolution de mon noviciat cathare

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L’évolution de mon noviciat cathare

À l’issue de ce cinquième carême de mon noviciat, entamé le 16 juin 2016, je ressens le sentiment d’avoir atteint une sorte de plénitude dans ma démarche. C’est un peu comme si, après avoir monté un certain nombre de marches j’atteignais un niveau intermédiaire où je peux faire une sorte de point sur mon avancement.
Certes, j’ai clairement la certitude que je suis loin d’atteindre au but… mais pouvons-nous l’atteindre vraiment, ou bien n’est-ce là aussi qu’une étape supplémentaire ?
Cependant, il me semble que j’ai obtenu des résultats dans mon évolution spirituelle qui me donnent à penser que je dois envisager une progression, car l’évolution du croyant et du novice me semble être le fruit d’étapes successives qui constituent autant de ruptures dans une progression apparemment linéaire et calme.
Bien entendu, ce n’est qu’une opinion personnelle et j’aurai besoin que les croyants qui liront mes messages me répondent afin de me donner leur sentiment personnel.

Bien entendu, l’idée n’est pas d’arrêter, au contraire. Mon questionnement est d’essayer d’évaluer mon degré d’avancement pour savoir si je peux faire « un pas » de plus. J’ai toujours su que je devrais avancer prudemment et prendre mon temps pour éviter de tomber dans les embûches du monde. Ces embûches causées par l’impatience qui vous font croire que vous êtes déjà quasiment un Bon-Chrétien, qui vous pousse à négliger, voire à mépriser les enseignements de nos prédécesseurs et à pratiquer sans les compétences indispensables des actes qui au lieu de vous élever, vous abaissent.

Pour moi donc, faute d’encadrement digne de ce nom, estimer si je peux entamer ma préparation à la réception de la Sainte Oraison dominicale est un problème.
J’ai l’impression d’avoir atteint un niveau où pas mal de choses se sont éclairées à mes yeux et où je me dis que retarder de trop cette avancée décisive revient à me conforter dans une position plutôt sécurisante mais nuisible à mon avancement et surtout, nuisible à la résurgence cathare qui ne pourra se faire que lorsque nous aurons suffisamment de novices en cours de formation et, espérons-le des Bons-Chrétiens pour les encadrer.

Je ne peux pas — et ne veux pas — me contenter de ma seule appréciation pour décider du palier que je peux m’autoriser à passer pour poursuivre ma progression.
Voilà pourquoi votre regard, à la fois extérieur et intérieur m’est indispensable.

Je me donne jusqu’au mois de février pour réfléchir sereinement à tout cela et je vous demande d’en faire autant.

Merci d’avance de votre bienveillante sollicitude.

 PS : J’ai publié ce texte sur Facebook, mais comme certains croyants n’y ont pas accès, je le publie également ici. Pour me répondre, excepté la page Facebook de la maison cathare, vous pouvez m’adresser un message via ce formulaire.

La prière et le croyant

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La prière et le croyant

Le Catharisme présente la particularité de ne pas imposer le baptême aux enfants. De ce fait, les croyants sont dans un statut un peu particulier qui les met à la marge du statut de Chrétien — réservé aux seuls Consolés — mais les implique néanmoins dans bien des moments de la vie communautaire chrétienne.
Leur participation, parfois active à plusieurs rituels les conduit à vouloir participer, mais la doctrine cathare est claire dans les limitations à cette participation.
C’est notamment le cas pour ce qui concerne les pratiques méditatives et, bien entendu, la plus importante, la pratique du Pater.

Le Pater, qui, quand et comment ?

Les Bons-Chrétiens médiévaux réservaient le Pater aux Consolés et aux novices admis à la tradition de la Sainte Oraison[1], qui intervenait peu de temps avant de recevoir la Consolation. On peut estimer que cela devait se passer entre la fin du troisième carême et la Pentecôte.
Nous ne sommes pas des Bons-Chrétiens, mais, pouvons-nous considérer que nous sommes aptes à nous considérer comme admissibles à cette tradition ?

Voyons ce que nous apprend la déposition de Pierre Maury devant l’inquisiteur de Pamiers[2] :
« Il [Pierre Authié] ajouta “Vous autres croyants, comme vous n’êtes pas encore dans la voie de vérité et de justice, vous n’êtes pas dignes de prier Dieu.” Je lui dis alors : “Et si nous ne prions pas Dieu, que ferons-nous ? Nous serons comme des bêtes !” Il me répondit que lui, qui était dans la vérité et la justice, et était digne de prier Dieu, priait et prierait pour les croyants. Je lui demandai : “Et nous donc, nous ne ferons pas une prière à Dieu ?” Il me répondit de dire, quand j’aurai à me lever du lit, à m’habiller, à manger, ou à faire quelque ouvrage : “Benedicite, Seigneur Dieu, Père des bons esprits, aide-nous dans tout ce que nous voudrons faire”, mais de ne dire en aucun cas le Pater noster, car nul ne doit le dire, s’il n’est dans la vérité et la justice, car ce sont des paroles de vérité et de justice. Si quelqu’un disait cette prière sans être dans la vérité et la justice, elle ne lui servirait de rien. »

Ce témoignage est très important, d’abord parce que Pierre Maury fait partie des très rares témoins absolument fiables. Ce croyant qui n’a pas voulu entrer en noviciat, par amour de sa liberté et de ses montagnes, en avait largement atteint le niveau pourtant. Devant l’Inquisition, il ne cherche pas à minimiser son engagement et livre au contraire un témoignage clair, net et précis, par lequel on sent la volonté de transmettre une information que rien ne saurait faire taire. Il en accepte le prix le plus élevé pour lui, l’enfermement au mur perpétuel.
Étudions-le de façon plus fine.

Statut des croyants et des Bons-Chrétiens

« … vous n’êtes pas encore dans la voie de vérité et de justice… »
Voilà la pierre d’achoppement du Catharisme. Il n’y a pas de demi-mesure. On retrouve cela dans les évangiles quand Jésus distingue nettement entre la foule, à qui il parle par paraboles car elle n’est pas en mesure de comprendre son enseignement direct, et ses disciples, à qui il parle directement car ils ont franchi le pas.
La Consolation — le baptême d’esprit — fait table rase du passé et ouvre la porte sur le cheminement chrétien. Celui qui est reçu dans la communauté évangélique, l’assemblée des Bons-Chrétiens, vit concrètement la résurrection. Le vieil homme, l’Adam, meurt en lui et le Christ s’éveille en lui pour le conduire en vérité et en justice sur la voie qui rend possible l’action de la grâce divine et qui le mène au salut.

L’interdiction de l’usage du Pater

Le croyant, et même le novice n’ayant pas accompli au moins sa première année de noviciat (les trois carêmes), ne sont pas encore dans la voie de vérité et de justice. S’ils ne sont pas dignes de prier Dieu, ce n’est pas en vertu d’un oukase dogmatique fixé par un clergé aveugle. Non, c’est simplement que l’on ne peut prononcer des paroles revêtant des notions précises si l’on n’est pas capable de les comprendre et si on ne les pratique pas au quotidien.
L’étude du Pater, que j’ai réalisé récemment, vient clairement démontrer cela. La purification spirituelle que sa pratique exige ne peut pas être le fait de personnes qui, aussi croyantes et motivées qu’elles soient, n’ont pas la possibilité de s’extraire suffisamment du monde pour y parvenir.
D’ailleurs Pierre Authié ne prononce pas une menace envers quiconque prononcerait le Pater sans y être apte. Il dit simplement que cela ne lui servirait de rien. Il précise également que le croyant n’est pas abandonné à son sort ; le Bon-Chrétien prie au quotidien pour les croyants, car c’est sa mission. Cela nous permet de comprendre mieux encore ce lien extraordinaire qui unissait la communauté ecclésiale (croyants et Bons-Chrétiens) jusque dans la terrible période de l’Inquisition.

Dans sa déposition, Arnaud Sicre d’Ax explique qu’une nuit, alors qu’il est couché dans le même lit que le Bon-Chrétien Guillaume Bélibaste et Pierre Maury, ce dernier, à qui il vient d’avouer dire le Pater noster et l’Ave Maria, lui répond :

« Personne ne doit dire le Pater noster sauf les messieurs qui sont dans la voie de la vérité. Mais nous et les autres, quand nous disons Pater noster, nous péchons mortellement, car nous ne sommes pas dans la voie de la vérité, puisque nous mangeons de la viande et que nous couchons avec des femmes. »

Ce témoignage, même s’il est de moindre qualité que le précédent, en raison de la nature du témoin essentiellement, confirme celui que Pierre Maury nous livre du prêche de Pierre Authié. L’ajout du fait que le croyant qui ne respecte pas cette règle pèche mortellement doit être considéré comme excessif. En effet, les Bons-Chrétiens sont clairs : pour être capable de pécher, il faut avoir la connaissance du Bien, ce qui n’est pas le cas des croyants. Par contre, logiquement, un croyant qui s’obstine à contrevenir à cette règle se met en dehors de la communauté ecclésiale et doit être considéré comme un sympathisant.

Une prière pour les croyants

La prière de tous les instants

Pierre Authié propose un texte à dire à tous les moments de la vie quotidienne pour un croyant désireux d’une implication spirituelle plus importante :
« Benedicite, Seigneur Dieu, Père des bons esprits, aide-nous dans tout ce que nous voudrons faire »
C’est un texte court, adapté aux croyants de l’époque dans sa formulation, et en même temps très fort dans sa signification.
La formule initiale demande la bénédiction à Dieu et l’identifie clairement pour éviter toute confusion avec celui qui se fait passer pour Dieu devant les hommes de ce monde. La seconde partie est simple et claire. L’attente porte sur une aide et non sur la résolution des problèmes, ce qui implique que le croyant accepte l’idée que c’est à lui de faire le plus gros du travail. Enfin, l’idée est que cela concerne tous les actes de la vie, car nous trébuchons à chaque instant.
Il me semble qu’on peut tout à fait la conserver telle quelle aujourd’hui et s’en servir à l’approche d’une activité qui nous semble de nature à nous éloigner un peu du cheminement correct. Pour des actes plus lourds de conséquence, un autre texte me semble préférable.

Le Père saint, une prière plus complète

Cette autre prière nous est indiquée dans un autre témoignage.
L’Inquisition d’Aragon transmit les textes de ses interrogatoires à celle de Pamiers[3]. Parmi eux se trouve celui de Jean Maury. Que nous dit ce texte ?

« Quand j’étais d’âge tendre, j’ai vu dans la maison de mon père un nomme Fabre et Philippe d’Alayrac ; c’étaient des hérétiques parfaits, et j’étais déjà, quoique petit, nourri de cette secte par mon père, ma mère et mon frère Pierre… Ils croient le Père des bons esprits, et ils prient ainsi :
« Père saint, Dieu légitime des bons esprits
qui n’a jamais trompé ni menti, ni erré, ni hésité,
par peur à venir trouver la mort dans le monde du dieu étranger
(car nous ne sommes pas du monde, et le monde n’est pas de nous)
donne-nous de connaître ce que tu connais
et d’aimer ce que tu aimes.
 »

Ce texte est suivi d’une tirade, sous forme d’anathème, empruntée à Matthieu. qui visait à l’époque les Juifs saduccéens et pharisiens ayant rejeté des synagogues les Juifs chrétiens nazaréns ébionites à la suite de la chute de Jérusalem en 70 et de la mise en place des communautés de Yavneh. Comme je l’indique dans mon livre, elle concernait aussi Paul accusé d’être demeuré pharisien, de façon à discréditer son action apostolique : « Pharisiens trompeurs, qui vous tenez à la porte du Royaume, vous empêchez d’entrer ceux qui le voudraient, et vous autres ne le voulez pas… »
Ensuite vient une dissertation doctrinale visant à confirmer la foi du croyant en un Dieu bon et en rappelant comment s’est opérée la chute : « c’est pourquoi je prie le Père saint des bons esprits, qui a pouvoir de sauver les âmes, et qui pour les bons esprits fait grener et fleurir, qui en considération des bons donne la vie aux méchants et fera pourtant qu’ils aillent au monde des bons…
et quand il n’y aura plus (dans) les cieux inférieurs, qui appartiennent aux sept Royaumes, des miens qui sont tombés du paradis, d’où Lucifer les a tiré avec le prétexte de tromperie que Dieu ne leur promet que le bien, et du fait que le diable était très faux, et leur promettait le mal et le bien, et leur dit qu’il leur donnerait des femmes qu’ils aimeraient beaucoup, et leur donnerait seigneurie les uns sur les autres, et qu’il y en aurait qui seraient rois, et comtes, et empereur, qu’avec un oiseau ils en prendraient un autre, et avec une bête une autre ; (que) tous ceux qui lui seraient soumis et descendraient en bas auraient pouvoir de faire le mal et le bien, comme Dieu en haut, et qu’il leur vaudrait beaucoup mieux être en bas, pouvant faire le mal et le bien, qu’en haut où Dieu ne leur donnait que le bien.
Et ainsi ils montèrent sur un ciel de verre, et autant qu’ils y montèrent ils tombèrent et périrent…
Enfin, le texte se termine en évoquant la mission que Dieu confia à Christ : « Et Dieu descendit du ciel avec douze apôtres, et s’esquissa en sainte Marie. »

Pour ne conserver que la partie strictement méditative, son analyse montre à quel point elle est construite de façon presque symétrique avec le Pater, tout en conservant un style et des formulations adaptées aux croyants.
D’abord le croyant précise à qui s’adresse sa prière et manifeste ainsi sa foi qui assoit son statut de croyant cathare. Il conserve néanmoins une présentation qualitative qui n’est pas utilisée dans le Pater, car le Bon-Chrétien est imprégné de cela et n’a donc pas besoin de le formuler.
Vient ensuite la motivation de la prière, c’est-à-dire réussir sa bonne fin en quittant ce monde qui nous contraint.
Le texte se termine par la demande de « nourriture spirituelle » formulée plus précisément car là encore le croyant a besoin de mettre les points sur les i. Rien ne figure, ni en ce qui concerne les manquements, ni en ce qui concerne le salut. C’est logique, puisque le croyant ne peut commettre de péché à proprement parler et que son salut ne peut intervenir que s’il devient à son tour Bon-Chrétien.

Conclusion

J’espère vous l’avoir clairement expliqué, le croyant et le novice en première partie de sa formation, ne doivent pas utiliser le Pater, qui ne leur est pas adapté, mais disposent néanmoins de pratiques de méditation utilisables à travers le Père saint et le Benedicite.
Ces deux textes permettent une vie spirituelle tout à fait satisfaisante et définissent une ligne de conduite apte à amener le croyant vers le noviciat et le novice vers la transmission de la sainte Oraison dominicale.
C’est aussi une école de patience qui nous apprend à ne pas brûler les étapes et à faire preuve d’humilité vis-à-vis de sa condition réelle au sein de la communauté ecclésiale.

Éric Delmas, 8 août 2017.


[1]. Le Rituel provençal contenu dans le Nouveau Testament de Lyon précise clairement qu’il ne faut pas que l’oraison (le Pater) soit dite par un homme séculier, c’est-à-dire par un croyant ou un novice qui n’est pas encore reçu dans la communauté évangélique.
[2] Le registre d’Inquisition de Jacques Fournier. Traduction et notes de Jean Duvernoy. Déposition de Pierre Maury, vol. 3 (Privat), vol. 3 (Bibliothèque des Introuvables).
[3] Le registre d’Inquisition de Jacques Fournier. Traduction et notes de Jean Duvernoy. Op. cit. Déposition de Jean Maury, vol. 2 (Privat), vol. 3 (Introuvables).

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