Ascension du Seigneur

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Lecture des textes de la liturgie catholique

Comme chaque Dimanche et pour les principales fêtes catholiques, je reprends la tradition cathare qui consistait en l’analyse des textes de la messe catholique et leur compréhension du point de vue cathare. Il n’y a là nulle intention malveillante mais un simple exercice de style visant à montrer que la compréhension des textes est aussi affaire de doctrine.

Ascension du Seigneur

L’ascension, fêtée quarante jours après Pâques depuis le 4esiècle, est destinée à donner une apparence de cohérence à l’approche judéo-chrétienne de la mission christique. En effet, si l’on décide que Jésus est un homme envoyé par Dieu, impossible de le laisser mourir après l’avoir fait ressusciter. Il devient dès lors très encombrant. Il ne peut demeurer, car nul n’a jamais vu un être de chair vivre éternellement ; il ne peut disparaître sans témoins, car cela fragiliserait l’argument de sa venue. Il fallait donc le laisser partir de façon miraculeuse.

Le côté juif transparaît clairement dans le choix des quarante jours qui sont récurrent dans l’Ancien Testament. On le trouve dans le déluge, dans l’attente des tables de la loi, dans l’errance du peuple juif dans le désert, etc. Après sa résurrection Jésus agit de façon magique et donc son départ obéit à la même règle. Cela ne peut surprendre, mais ce qui étonne c’est qu’il ait fait de même dans le temps de son incarnation. Rares sont ceux — et les cathares en furent — qui considèrent que cela justifie de penser qu’il ne fut jamais incarné. C’est pourtant l’approche la plus cohérente dans un monde où la réalité de l’existence de l’homme Jésus ne pouvait être mise en cause.

Aujourd’hui il en va autrement. Nous savons que rien ne prouve l’existence d’un individu bien précis ayant mené une action comparable à celle présentée dans les textes, même si rien ne prouve le contraire. Le seul élément qui pourrait emporter notre décision est le fait que Paul ne s’est jamais référé à Jésus à titre personnel, mais s’est contenté de parler de Christ. Les nombreuses, et parfois imparfaites, interpolations des textes qui lui sont attribués montrent bien cela.

Si l’on abandonne l’idée d’une incarnation, il est clair que celle de l’ascension n’a plus de raison d’être.

1relecture :

Actes des apôtres : 1, 1-11

1 – Mon premier livre, ô Théophile, traitait de tout ce que Jésus a commencé de faire, et aussi d’enseigner,
2 – jusqu’au jour où, ayant donné par l’Esprit saint ses ordres aux apôtres qu’il avait choisis, il leur a été enlevé,
3 – eux à qui, après avoir souffert, il s’était présenté vivant et avec beaucoup de preuves en se faisant voir d’eux quarante jours durant et en leur parlant du règne de Dieu.

Mon analyse :
La parenté avec l’Évangile selon Luc est évidente à en lire cette entame. Luc, disciple de Paul serait donc l’auteur ce qui permet de valider tout ce qui sera dit ensuite, y compris si c’est contre Paul. Mais, comme dans l’Évangile selon Thomas, ce style narratif destiné à valider une thèse ne saurait nous tromper. Demeurons donc prudent sur ce point.

4 – Or, un jour qu’il était avec eux, il leur ordonna de ne pas quitter Jérusalem mais d’y attendre la promesse du Père : Celle dont je vous ai parlé,
5 – car Jean a immergé dans l’eau, mais vous serez immergés dans l’Esprit saint d’ici peu de jours.
6 – Assemblés, donc, ils lui demandèrent : Seigneur, est-ce le temps où tu rétablis le règne d’Israël ?
7 – Il leur dit : Ce n’est pas à vous de connaître les temps ou les moments que le Père a établis de son propre pouvoir,
8 – mais le Saint Esprit surviendra sur vous et vous en recevrez de la puissance et serez mes témoins à Jérusalem, dans toute la Judée et la Samarie et jusqu’au bout de la terre.
9 – Ce disant et sous leurs regards il fut élevé et une nuée le déroba à leurs yeux.
10 – Comme ils avaient les yeux fixés vers le ciel, pendant qu’il s’en allait, voilà que deux hommes en habits blancs se présentèrent à eux
11 – et leur dirent : Galiléens, pourquoi rester là à regarder vers le ciel ? Ce Jésus qui vous a été enlevé au ciel reviendra de la même manière que vous l’avez vu se rendre au ciel.

Mon analyse :
La répétition de la fin de l’évangile vise là encore à renforcer le lien entre les deux auteurs.

Psaumes : 47 (Vulgate 46), 2-3, 6-7, 8-9

2 – Battez des mains, peuples, vous tous acclamez Élohim, au bruit des cris de joie,
3 – car Iahvé, le Très-Haut, est terrible, c’est un grand roi par toute la terre !
6 – Élohim monte en fanfare, Iahvé, au son du cor.
7 – Psalmodiez pour Élohim, psalmodiez, psalmodiez pour notre roi, psalmodiez,
8 – car Élohim est roi de toute la terre, psalmodiez doctement !
9 – Élohim règne sur les nations, Élohim siège sur son trône de sainteté.

Mon analyse :
Outre le fait que Dieu est présenté comme un roi terrestre devait être considéré à l’époque, notamment dans sa violence potentielle : terrible ! ce qui interroge dans ce psaume c’est la pluralité attribuée à Dieu. En effet, nous voyons se côtoyer Élohim — dont je rappelle qu’il s’agit d’un pluriel —  et Iahvé. On a même l’impression que Iahvé est une partie d’Élohim qui serait alors un groupe auquel on pourrait sans doute joindre également Adonaï. On comprend mieux pourquoi certains précurseurs du catharisme, comme Ménandre par exemple, attribuaient ce monde à des anges déchus.

2e lecture :

Lettre de Paul aux Éphésiens : 4, 1-13 (ou brève : 4, 1-7.11-13)

1 – Je vous exhorte donc, moi prisonnier dans le Seigneur, à marcher dignes de l’appel dont vous avez été appelés,
2 – en toute humilité et douceur et avec générosité, vous supportant les uns les autres avec amour
3 – et vous efforçant de garder l’unité de l’esprit dans le lien de la paix.
4 – Un est le corps et un l’Esprit ; une aussi l’espérance à laquelle cet appel vous a appelés.
5 – Un est le Seigneur ; une la foi et un le baptême ;
6 – un est le Dieu et père de tous, qui est au-dessus de tous, entre tous, en tous.

Mon commentaire :
Paul rappelle l’importance de l’unité de la communauté qui doit avancer, non seulement dans la paix et la bienveillance, mais aussi dans le même mouvement.

7 – Mais à chacun de nous la grâce a été donnée selon la mesure du don du Christ.
8 – Aussi dit-on : En montant dans les hauteurs il a fait captive la captivité, il a donné des dons aux hommes.
9 – S’il est monté, n’est-ce pas qu’il était descendu dans les parties basses de la terre ?
10 – Celui qui est descendu est le même que celui qui est monté au-dessus de tous les cieux pour remplir tout.
11 – Et c’est lui qui a donné les apôtres, les prophètes, les évangélistes, les pasteurs et les maîtres,
12 – pour former des saints dont l’œuvre soit de servir, et de bâtir le corps du Christ
13 – jusqu’à ce que tous nous touchions à l’unité de la foi et de la connaissance du fils de Dieu, et à l’homme parfait, à la mesure du Christ en la plénitude de son âge.

Mon commentaire :
Ici Paul rappelle que la communauté est l’œuvre de Christ et que chacun a eu sa part de grâce en fonction de son mérite et de sa foi. Mais ces dons ne sont pas à visée hiérarchique ; ils sont destinés à servir la communauté afin que chacun en atteignant le niveau de connaissance et de foi nécessaire atteigne, par l’amour, l’éveil qui révèle l’homme parfait — le Christ — en nous

Évangile selon Marc : 16, 15-20

15 – Il leur dit : Allez dans le monde entier proclamer l’évangile à toute la création ;
16 – celui qui a foi et est immergé sera sauvé, et celui qui se méfie sera condamné.
17 – Et voici les signes qui accompagneront ceux qui auront foi : ils chasseront des démons en mon nom, ils parleront de nouvelles langues,
18 – ils prendront des serpents et, boiraient-ils du poison, cela ne les gênera pas, ils poseront les mains sur les malades et en feront des bien portants.

Mon commentaire :
L’annonce de Jésus est présentée sous l’angle de vue judéo-chrétien : baptême par immersion, récompense punition, miracles physiques. On est loin de Jean et de la démarche spirituelle.

19 – Le Seigneur, donc, après leur avoir parlé, fut enlevé vers le ciel et s’assit à la droite de Dieu.
20 – Et eux sont sortis prêcher partout avec le concours du Seigneur qui confirmait la parole en l’accompagnant de signes.

Mon commentaire :
L’ascension est immédiate et très simplifiée alors qu’elle est absente de Jean et de Matthieu. Cela permet de douter qu’elle soit réelle.

Voici comment je reçois ces textes.

Guilhem de Carcassonne.

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