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Dieu, principe du Bien et l’Être

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Dieu, principe du Bien et l’Être

Guilhem de Carcassonne, le 14 août 2022

Le catharisme présente une particularité unique au sein du christianisme qui est de considérer deux principes dont l’un est Dieu et l’autre Satan. Très mal comprise des chrétiens, cette conviction lui valut d’être traité de dualiste, ce qui n’a pas de sens. En effet, tous les christianismes et tous les monothéismes sont dualistes puisque tous proposent un système associant deux entités, l’une positive et l’autre négative, mais seule la première est parée de l’attribut divin. L’accusation de polythéisme est donc inadaptée, tant pour le catharisme que pour le manichéisme qui respectent tous deux cette différenciation. Le dualisme cathare est sans objet également, car non différenciant du catholicisme à l’exception du fait que chez les cathares le dualisme initial qui soumet l’homme aux deux principes, l’un dans sa nature spirituelle et l’autre dans sa prison charnelle cesse lorsqu’il obtient son salut. Dans le judéo-christianisme par contre, c’est l’inverse ; initialement moniste, le chrétien est soumis au diable et peut terminer par être damné éternellement, ce qui est une vue dualiste particulièrement négative et qui fait de Dieu un père pervers.

Mais la différence entre catharisme et judéo-christianisme va bien au-delà de cette notion dépassée. Je vais essayer de vous l’expliquer sans trop plonger dans des notions philosophiques qui peuvent en dérouter certains d’entre vous.

Le principe du Bien

Les cathares emploient indifféremment les termes Dieu et principe du Bien.

Si j’écris Bien avec une majuscule c’est pour le différencier d’un autre bien qui est en réalité un épiphénomène lié au Mal et qui s’oppose ponctuellement à un mal de même niveau.

Le Bien tel que l’entend un cathare, qu’il soit croyant ou consolé, désigne ce qui ne peut en aucune façon produire un mal, aussi minime soit-il et sous quelque forme qu’on puisse le considérer, prouvant ainsi sa nature originelle. Cela nous est clairement précisé par Matthieu quand il fait dire à Jésus : « Ainsi tout bon arbre fait de beaux fruits, et l’arbre pourri fait de mauvais fruits. Un bon arbre ne peut pas porter de mauvais fruits, ni un arbre pourri porter de beaux fruits. Tout arbre qui ne fait pas de beau fruit sera coupé et jeté au feu. Et bien, vous les reconnaîtrez à leurs fruits[1]. » Cette tirade détaillée vient préciser ce qu’il avait fait dire à Jean baptiste, plus tôt dans son Évangile : « Déjà la cognée est à la racine des arbres ; tout arbre donc qui ne fait pas de beau fruit est coupé et jeté au feu[2]. » Il réitère son propos dans les mêmes termes en 13, 13. Luc aussi reprend ces deux présentations, ce qui faire penser à une copie[3].

Pourtant cette notion semble totalement hors du champ mondain tel que nous le connaissons. Ici-bas nous trouvons des fruits bons ou pourris sur le même arbre et aucun arbre n’a une propension particulière à produire tel type de fruit. Il s’agit donc d’une illustration évoquant le domaine du Bien et non notre monde.

Pour comprendre cela il nous faut rejoindre un philosophe bien connu et parfois redouté : Aristote. En effet, dans l’œuvre constituée de textes épars — qui ne pouvaient être attribués à un autre de ses thèmes favoris : l’éthique et la physique —, qui fut appelé Métaphysique (littéralement : à côté de la physique), il démontre le concept de principe.

Le principe est, selon Aristote, ce qui est à l’origine de tout ce qui est de même nature que lui. Le principe est la forme première dont tout découle. Il s’agit donc d’une compréhension relative à la nature et au temps. Le principe est le concept d’une nature pure dans son essence et unique dans sa composition. Le principe est univoque et sans la moindre corruption. Il est également à l’origine de tout ce qui relève de la même nature ; il est donc premier. Mais rien ne dit que, d’un principe donné — cause de tout ce qui relève de lui —, ne doit se produire quoi que ce soit d’identique. En effet, ce qui a pour cause un principe est au moins différent du lui sur le plan de la temporalité puisqu’il survient après lui. Rien n’interdit de penser qu’il puisse également être corruptible. Si on limitait le principe du Bien au concept principiel, rien n’interdirait que ce qui émane de lui puisse être corrompu par le Mal, comme semblent le croire une grande partie des religions que nous connaissons. Pour reprendre l’image néotestamentaire ci-dessus, le bon arbre peut produire de mauvais fruits tout en étant bel et bien le principe de ces fruits. Il faut donc réfléchir à un autre concept pour rendre cette image crédible. Ce qui fait que l’arbre et le fruit sont et ne peuvent être rien d’autre que bons, ce n’est pas la nature principielle de l’arbre, c’est sa substance unique.

L’Être, substance du bon principe

L’évêque cathare italien, Jean de Lugio, expliquait l’existence du Mal en faisant valoir qu’il était impossible qu’un être issu du Bien, qui n’avait d’autre référence que le Bien et ne connaissait rien d’autre, put se mettre à lui préférer le Mal qu’il ne connaissait pas. Il en tirait la conséquence logique qu’il fallait bien admettre alors qu’il devait y avoir une cause au Mal distincte de la cause du Bien[4].

Je voudrais essayer d’aller plus loin dans cette analyse.

Nous savons bien qu’il ne suffit pas qu’une chose nous soit inconnue à un moment donné, pour qu’une fois connue nous ne puissions pas la préférer à ce que nous connaissons. Jean de Lugio était un cathare appartenant initialement à une Église monarchienne[5], c’est-à-dire cherchant à unifier la vision catholique à la vision cathare, qui, lorsqu’il vint à remplacer son évêque changea totalement de point de vue et pencha pour une vision dyarchienne, c’est-à-dire dissociant totalement la vision cathare de la vision catholique. Il n’est donc pas étonnant qu’il y ait dans sa compréhension quelques éléments rattachés au catholicisme.

Non, ce qui importe dans notre lecture c’est de comprendre que le principe du Bien dispose dans sa propre substance spirituelle d’un attribut essentiel et unique que l’on appelle l’Être.

Le premier philosophe à avoir tenté d’expliquer l’Être est Parménide qui introduisit dans son explication un concept qui allait créer une branche de la philosophie que l’on appelle l’ontologie qui prétend étudier l’être en tant qu’être. Or c’est là qu’est la difficulté pour nos esprits humains limités. Parménide nous donne pourtant une piste intéressante : l’Être est ! Cela peut sembler abscons de prime abord, mais en réalité c’est lumineux. L’« Être est » suppose une permanence inaltérable et inamovible d’un état totalement étranger au monde. L’Être est la substance unique, profonde et permanente du principe du Bien et de toutes ses émanations qui lui sont consubstantielles.

L’Être ne connaît ni temporalité ni fluctuation. Rien de temporel ou de fluctuant ne peut émaner du principe du Bien, car l’Être leur assure la même stabilité et la même permanence qu’au principe lui-même.

Rapporté à notre arbre, on comprend mieux désormais que le fruit ne peut être que de la même substance que l’arbre lui-même, c’est-à-dire bon. De même ; l’émanation divine ne peut en aucune façon devenir mauvaise puisque son principe lui transmet de façon consubstantielle son Être qui est le Bien. L’hypothèse de Lucifer fils préféré de Dieu devenant jaloux de lui et choisissant le Mal est donc totalement absurde d’un point de vue cathare.

Par contre le Mal, qui est aussi un principe, ne dispose pas de l’Être. C’est même un néant d’Être, c’est-à-dire qu’il ne peut y avoir en lui la moindre parcelle d’Être, non pas en raison de sa substance maligne, mais surtout en raison de sa nature principielle qui ne peut être mélangée. C’est pourquoi les cathares comprennent le troisième verset de l’Évangile selon Jean de cette manière :

« Tout a existé par elle et rien de ce qui existe n’a existé sans elle[6]. »

Dieu, par son verbe est au principe de toute ce qui existe, c’est-à-dire qui dispose de l’Être, et rien peut disposer de l’Être en dehors de lui.

L’ontologie reste un domaine de la philosophie parménienne totalement insoluble par les strictes voies philosophiques, mais une approche ouverte sur la religion peut la résourdre.

Et Dieu dans tout ça ?

J’espère que vous avez tenu le coup jusqu’ici et que mes explications que j’ai voulues aussi abordables que possible pour le grand public vous ont permis de mieux comprendre ces concepts souvent abscons.

Maintenant, il nous reste le plus facile à expliquer : Qu’est-ce que Dieu ?

En fait Dieu est notre façon de dénommer une entité totalement étrangère et inconnue dans l’espace temporel et corruptible qu’est notre univers. Cette entité — terme que j’emploie faute d’en avoir un plus précis à proposer —, est principielle par nature et dotée de l’Être par substance.

Principielle en cela qu’elle n’émane de rien et existante en cela qu’elle est, sans passé et sans avenir, permanente et stable dans le Bien absolu de toute éternité.

C’est tout ce que nous pouvons dire de Dieu en n’oubliant pas d’ajouter que notre part spirituelle émane de lui et lui est consubstantielle.


[1] Évangile selon Matthieu : 7, 17-20.

[2] Évangile selon Matthieu : 3, 10.

[3] Évangile selon Luc : 3, 9 et 6, 43-44.

[4] Liber de duobus principiis (Livre des deux principes) in Écritures cathares – René Nelli et Anne Brenon, éd. du Rocher (Paris) 1996. Plusieurs éditions préalables signées de René Nelli, notamment chez Denoël (1959)

[5] Les cathares monarchiens et dyarchiens — improprement appelés mitigés et absolus —, avaient des divergences concernant les hypothèses cosmogoniques de la création du monde matériel : les monarchiens pensant que le Mal avait perverti une matière créée par Dieu et les dyarchiens considérant que rien en ce monde, y compris la matière, n’était l’œuvre de Dieu.

[6] Évangile selon Jean in Le nouveau Testament – Collection La Pléiade, éditions Gallimard (Paris) 1972.

Rencontres de Montségur : Spiritualité du catharisme

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Rencontres de Montségur : Spiritualité du catharisme

Lieu et date

L’association Rencontres de Montségur a proposé à l’Église cathare de France d’organiser une journée de conférences et d’échanges sur ce sujet taillé sur mesure pour notre organisation. C’est d’autant plus courageux que ce sujet est souvent traité en marge des discussions sur le catharisme, quand il n’est pas carrément oublié.
Mais il faut reconnaître que les rendez-vous de cette association, que ce soit à Montségur ou à Cailhaux, ont toujours essayé de faire une place à l’expression spirituelle, même si ce n’est pas le sujet maître de leurs discussions et si une bonne partie de leurs membres ne sont pas forcément engagés spirituellement dans le catharisme ou ailleurs.

Ce rendez-vous s’est tenu le samedi 5 novembre 2022 à la salle des fêtes de la mairie de Peyrens (Aude).

1 – Origines du catharisme, du proto-christianisme à l’aube du catharisme. Éric Delmas

Les images se lisent de gauche à droite et de haut en bas.

2 – Le Consolamentum – Le Consolateur – Le Consolament cathare : un état d’esprit. Gilles-Henri Tardy

Fichier PDF de la conférence : Consolamentum

3 – Le catharisme au 21e siècle. Guilhem de Carcassonne.

Les images se lisent de gauche à droite et de haut en bas.

4 – Les axes de la recherche : Gilles-Henri Tardy.

Fichier PDF de la conférence : L’Axe de recherche

Utilisez les forums pour discuter de cette journée.

Rencontres de Montségur, Association loi de 1901 : 157, village – 09300 Montségur – 06 62 67 79 23

rencontresdemontsegur@gmail.com  — (20+) Les rencontres de Montségur / Facebook

18e dimanche du temps ordinaire

4-4-Année liturgique
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Lecture des textes de la liturgie catholique

Comme chaque Dimanche et pour les principales fêtes catholiques, je reprends la tradition cathare qui consistait en l’analyse des textes de la messe catholique et leur compréhension du point de vue cathare. Il n’y a là nulle intention malveillante mais un simple exercice de style visant à montrer que la compréhension des textes est aussi affaire de doctrine.

18e dimanche du temps ordinaire

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Le jeune homme et la Grand’Bête à tête d’homme

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Le jeune homme et la Grand’Bête à tête d’homme

Conte de J-F. Bladé (Contes populaires de Gascogne, tome I)

Cette histoire est de facture un peu différente de l’écriture habituelle de l’auteur, comme s’il avait ajouté de nouvelles couleurs sur sa palette.

 Plutôt que de dépeindre comme à son habitude les qualités physiques et morales de ses personnages dans une suite de pérégrinations variées aux difficultés graduées, il s’attache davantage dans ce conte à réaliser une peinture de mœurs et de caractères. Ce qui sous-tend le questionnement toujours actuel que l’on peut avoir sur des faits sociaux tels que le mariage, le pouvoir ou encore l’emprise de la culture et de la religion sur les mentalités. Le conteur ne se prononce pas, il conte et par son seul pouvoir de suggestion, il fait naître le questionnement, un peu comme dans le jeu des énigmes.

Les personnages du conte

Les humains…

Le héros ou « jeune homme ». C’est un orphelin, vivant seul dans sa maisonnette. « Il était beau comme le jour, fort et hardi comme pas un. Il était aussi tellement, tellement avisé, qu’il apprenait ou devinait les choses les plus difficiles ». Pour compenser sa solitude, le ciel l’avait donc doté de talents singuliers : une grande intelligence et le don de voyance, cette dernière « qualité » étant l’apanage des prophètes ou des guides. Or, on verra par la suite que c’est bien en quelque sorte le rôle qui est attribué à notre héros.

Il est déjà notable que si le héros classique de tout conte « subit » les épreuves comme un passage obligé dans le déroulement de sa quête, celui-ci a la force de caractère de choisir l’épreuve, et, de plus, aura le courage de la parfaire au moment venu, montrant ainsi un tempérament hors du commun. Ce jeune homme bien que pauvre « comme les pierres », est une personne totalement désintéressée par tout bien matériel comme par tout moyen de s’en procurer. Simple et pur, il ne montre que du détachement face aux conseils d’enrichissement de ses semblables ; il apparaît donc déjà bien seul parmi les autres. C’est finalement pour se donner une chance de pouvoir aimer et partager cet amour qu’il va accepter de se plier aux règles mondaines de l’acquisition des biens.

 Sa promise. Quelle pâle figure que cette fille de noble, qui sans dot doit se sacrifier au couvent ! Image type de la femme éternellement mineure, sa vie durant dépendante de l’homme, passant de l’obéissance à un père à la soumission à un époux la plupart du temps imposée, et n’ayant pour seul rôle social reconnu que celui d’engendrer de nombreux enfants. Elle remplira d’ailleurs correctement sa mission. Elle accepte sans hésiter d’épouser tout de suite le jeune homme et on ne peut s’empêcher de se demander quelles sont ces raisons ? Est-elle elle aussi tombée amoureuse ou bien tente-t-elle ainsi d’échapper au couvent ? Face à cette alternative exprimée clairement dans les paroles du jeune homme : « Demoiselle, entrez au couvent d’Auch. Mais ne vous engagez pas avant sept jours. Je vais tenter fortune. Si je meurs, prenez le voile noir, et faites-vous religieuse pour toujours. Si je reviens, j’aurai de quoi vous faire plus riche que les plus grandes dames du pays », face à cette alternative donc, elle choisit d’attacher son destin à ce miséreux inconnu, ce qui nous la rend sympathique car elle nous invite à penser qu’elle aussi, inspirée par l’amour, peut faire fi des convenances de la mondanité.

L’allié du héros. Ce conte à caractère religieux n’a pas besoin d’aller chercher très loin pour trouver une aide au héros. L’archevêque d’Auch est naturellement pour le jeune homme la référence incontournable. Avant de partir pour sa quête c’est donc lui qu’il va consulter.

 « Rien ne t’empêche de faire ce que tu dis. Agis donc à ta tête, puisque tu ne peux profiter d’aucun conseil ». L’archevêque, sachant le héros sous l’emprise de ses sens, va tenter de l’aider en le gratifiant d’informations supplémentaires et en anticipant l’épreuve qu’il connaît parfaitement. Il lui conseille donc de rester à tout instant maître de ses sentiments, d’utiliser son intelligence, de répondre avec mesure et prudence. Il devra en outre faire preuve d’humilité pour avoir un discernement précis de ses aptitudes avant de proposer à son ennemi de poursuivre l’affrontement. De cette introspection dépend la réussite de son entreprise. L’archevêque joue le rôle de guide pour le jeune homme, tel l’Esprit Paraclet que le cathare peut trouver dans la personne de l’Ancien ou dans celle du Consolé.

 « Prends et reviens vite, si tu te crois hors d’état de faire davantage. Reste, si tu te crois assez savant et dis : « Grand’Bête à tête d’homme, je n’ai fait encore que la moitié de mon travail. Tu n’as pas pu   m’embarrasser. Maintenant, c’est moi qui prends ta place. » Alors, tu lui feras trois questions, les plus difficiles que tu puisses imaginer. Si elle demeure muette, tu prendras ce couteau d’or, que tu vas cacher sous tes habits, pour ne le tirer qu’au bon moment. Tu saigneras la Grand’Bête à tête d’homme, tu lui couperas la tête, et tu reviendras vite, avec tout son or. »

 Ce dernier conseil nous prouve bien, si cela était encore à démontrer, que nous sommes bien dans le registre judéo-chrétien car un cathare ne prononcerait jamais de telles paroles, le Bien n’ayant pas de mal à opposer au Mal.

Le seigneur de Roquefort.

 Il symbolise à lui tout seul la mondanité, la vanité de la matière, les richesses corruptibles de ce monde et les contraintes qu’elles génèrent, tout ça en quelques lignes : « Mon père est parti ce matin, pour chasser avec mes deux frères. Il n’est pas encore rentré […] Par malheur, mon père n’est pas riche. Tout son bien doit aller à mes frères. Moi, j’entre demain dans un couvent d’Auch. »

Les habitants de Castres, les frères de la promise, etc.

Leur existence n’est précisée que pour donner de la vie, de la profondeur de champ à la société suggérée, mais aucun n’a de rôle significatif.

Les créatures hybrides

La Grand’Bête à tête d’homme

Les créatures hybrides, qualifiées le plus souvent de « monstres » ou de « démons », présentes dans les contes, les légendes et les mythologies du monde entier sont bien pratiques pour symboliser le Mal. Celle-ci nous surprend, tout d’abord par son manque d’épaisseur. Le conteur initial a-t-il pris un malin plaisir à ne pas vouloir trop la décrire afin que chaque auditeur puisse se la représenter à sa manière ? Le texte nous suggère quand même quelques pistes que j’ai tenté d’explorer.

Un simple rappel avant de « filer » sur des chemins hasardeux : en biologie, un être hybride provient d’un croisement de variétés, de races ou d’espèces, exemples ; le bardot qui est le croisement du cheval avec une ânesse, la mule qui est celui de l’âne avec la jument. L’imagination humaine, dans la création de ses histoires, est allée beaucoup plus loin. Je n’ai retenu que trois exemples dans la multitude de ces créatures mythologiques car notre conte emprunte à chacun d’eux des éléments bien précis, soit dans la physionomie de la créature, soit dans ses actes, soit encore dans les circonstances de l’action.

Dans l’épopée de Gilgamesh[1], le héros affronte un couple d’hommes-scorpions, à l’entrée d’un défilé. Le rôle de ces créatures était de garder le défilé des Monts-jumeaux, profond et obscur, que le soleil empruntait chaque jour pour venir éclairer le monde. C’est précisément ce passage que contrôlent les hommes-scorpions, apostés là pour empêcher quiconque de passer et c’est précisément par ce défilé que doit passer Gilgamesh pour continuer son voyage. De même la grotte pour le jeune homme est un passage obligé pour faire fortune. Dans les deux récits ce couloir dangereux à traverser est une métaphore du passage du monde à l’Autre Monde, ou passage du connu à l’inconnu (cf. Alice au pays des merveilles tombant dans le puits), ou encore passage du matériel au Spirituel au cours duquel le héros périt ou trouve le Salut. Ces créatures effrayantes, Grand’Bête ou hommes-scorpions sont là pour mettre le héros à l’épreuve, l’aider en quelque sorte à se révéler : c’est le moment où il doit faire montre de toutes ses qualités ; la détermination, la volonté, le courage, la sincérité, et l’humilité pour pouvoir sortir vainqueur de l’épreuve. C’est son « propre moi », sa conscience, qu’il affronte alors avant d’atteindre la dimension spirituelle nécessaire à sa libération.

Dans le mythe d’Œdipe, Œdipe lui aussi affronte une créature hybride : le sphinx ou plus exactement la sphinge. C’est bien d’elle d’ailleurs que la Grand’Bête semble surtout s’être inspirée et pour plusieurs raisons : comme la sphinge elle pose une énigme (ou plusieurs, les versions diffèrent), qui, si elle n’est pas résolue, entraîne la mort, comme la sphinge elle est androphage. Mais les similitudes ne s’arrêtent pas là. Les héros, eux aussi, curieusement se ressemblent : le jeune homme orphelin arrive à cette grotte par amour, Œdipe, abandonné enfant par ses parents à cause d’une prophétie, arrive à Thèbes par amour pour ses parents adoptifs (pensant les épargner de cette funeste prophétie.)

Enfin, nous le verrons plus tard, deux énigmes sur les trois sont empruntées au mythe d’Œdipe. Comme la Grand’Bête dans sa grotte, les hommes-scorpions à l’entrée du défilé, la sphinge à l’entrée de Thèbes (envoyée, selon plusieurs versions, par un dieu pour punir ses habitants de leur impiété) elle aussi joue le rôle de gardien.

Fidèle à l’imagerie des êtres de la montagne selon le bestiaire propre à J-F. Bladé, la Grand’Bête à tête d’homme est grande, anti-chrétienne, friande de chair humaine, riche d’un or inutile, et semble posséder de précieux secrets (cf. L’herbe bleue, L’homme de toutes couleurs.)

Elle a des griffes comme la sphinge mais une tête d’homme. La sphinge, quant à elle, a un corps de lionne, une queue de scorpion, des ailes d’aigle et la tête et le buste d’une femme.

Le lecteur est libre finalement d’imaginer la Grand’Bête à tête d’homme à sa façon, fauve comme la sphinge, ou sauvage comme un centaure.

 Les centaures, personnages que l’on peut encore avoir la chance de croiser dans les contes modernes (cf. le centaure Firenze dans Harry Potter à l’école des sorciers) furent immortalisés par les plus grandes plumes de l’Antiquité ; Ovide, Virgile, Pindare et Homère en ont tous parlé. On peut donc aussi imaginer la Grand’Bête sous les traits d’un centaure car comme eux elle a une tête d’homme.

Les centaures étaient des hybrides à tête, buste et bras d’homme sur un corps de cheval. Vivant dans les montagnes de Thessalie et d’Arcadie, ils étaient prétendus fils d’Ixion, roi des lapithes. Pour Homère (premier chant de l’Iliade) les centaures des montagnes étaient les plus braves des combattants. Se nourrissant de chair crue, vivant dans une ivresse permanente, esclaves de leurs sens, ils symbolisaient la violence naturelle et la sauvagerie dont le peintre Rubens a fait une allégorie saisissante en les imaginant dans les deux genres (Les amours des centaures, env. 1635).

Deux centaures atypiques sont parvenus cependant à se distinguer ; Chiron, le seul centaure immortel, connu pour sa sagesse (précepteur de plusieurs héros dont Achille, Héraclès, Asclépios, les Dioscures) et Pholos, le centaure ami d’Héraclès.

Finalement, ce qu’il nous suffit de savoir quant à la Bête, c’est que c’est bien elle qui symbolise ici le Mal dans tout ce qu’il a de primaire, de sauvage et de corrompu. Elle pourrait encore tout aussi bien être la caricature d’une monstrueuse idole païenne telle celle évoquée dans l’Exode : Le veau d’or ; « Aaron reçut l’or de leurs mains, le fit fondre dans un moule et fit une statue de veau ; alors, ils dirent : « Voici ton Dieu, Israël, celui qui t’a fait monter du pays d’Égypte. » […] Le lendemain, ils se levèrent de bon matin, ils offrirent des holocaustes et apportèrent des sacrifices de communion… »

L’épreuve.

 Dans le conte qui nous intéresse ici, comme dans le mythe d’Œdipe, comme dans la mythologie moderne de J-R-R. Tolkien (Le hobbit : un voyage inattendu) l’épreuve se déroule toujours de la même façon. Si le héros échoue, il sera anéanti, dévoré par la créature androphage. Si le héros se montre plus fort que la créature, il pourra aller au bout de sa quête.

L’archevêque prévient : « Tu seras mangé tout vif, si tu demeures muet. »

L’avertissement est le même dans le conte de Tolkien. Gollum, le hobbit métamorphosé par l’anneau maléfique propose au héros, Bilbo : « Si le trésor (lui, Gollum) demande et que ça (Bilbo) répond pas, nous le mangerons, mon trésor. Si ça nous demande et que nous ne répondons pas, nous donnons un cadeau, Gollum. »

Les énigmes posées par la Grand’Bête.

Énigme 1 : « Il va vite comme les oiseaux, plus vite que le vent, plus vite que l’éclair.

Le jeune homme n’hésite pas une seconde pour répondre : « L’œil va plus vite que les oiseaux, plus vite que le vent, plus vite que l’éclair. »

Énigme 2 : Le frère est blanc, la sœur est noire. Chaque matin, le frère tue la sœur. Chaque soir, la sœur tue le frère. Pourtant, ils ne meurent jamais. »

Cette fois encore, le jeune homme répond sans peine : « Le jour et la nuit. »

Dans le mythe, cette énigme rarement évoquée, ne se différencie de la version gasconne que par le genre des substantifs, jour et nuit étant tout deux féminins en grec. Il s’agit donc bien d’un emprunt, l’original étant : « Il y a deux sœurs ; l’une donne naissance à l’autre, et elle, à son tour donne naissance à la première. »

Énigme 3 : «  Il rampe au soleil levant, comme les serpents et les vers. Il marche à midi sur deux jambes, comme les oiseaux. Il s’en va sur trois jambes au soleil couchant. »

Encore un nouvel emprunt au mythe d’Œdipe pour cette troisième énigme que la sphinge formulait ainsi : « Quel être, pourvu d’une seule voix, a d’abord quatre jambes le matin, puis deux jambes le midi, et trois jambes le soir ? »

La réponse ne se fait pas attendre : « Quand il est petit, l’homme… »

La Grand’Bête respecte alors le contrat/ « Prends la moitié de mon or. »

Mais le héros décide à ce moment précis, sans aucune hésitation, de poursuivre l’affrontement. Si la Grand’Bête ne peut répondre, il aura la possibilité de la faire disparaître à jamais, libérant ainsi ses semblables de la violence. C’est un moment de grande solitude qui va déboucher sur une décision irréversible. C’est le « lâcher-prise » qui ne tolère aucun retournement, aucune erreur possible non plus. Le jeune homme doit rassembler toutes ses connaissances pour inventer les énigmes qui pourront être insolubles tout en restant humble pour garder la clairvoyance de ses aptitudes. Ce lâcher-prise selon le concept cathare est nommé dans le vocable ethnologique la liminarité, que nous aborderons un peu plus loin.

Les énigmes posées par le jeune homme.

Ses deux premières énigmes sont vraiment sibyllines et régies, semble-t-il, par des règles autres que celles proposées dès le début du ‘‘jeu ’’. Les limites de l’imaginaire sont repoussées, la Grand’Bête est piégée.

La naïveté de l’image du monde représenté de manière linéaire, avec ses deux bouts, peut nous faire sourire tout en nous donnant une possible indication sur les premières moutures de ce conte. On pourra aussi rester longtemps perplexe sur les réponses proposées à ces deux premières énigmes qui semblent plutôt à des ‘‘mises en abyme d’énigmes’’ suscitant de nouvelles questions. Qui peut être ce roi couronné qui ne voit rien venir ? Et ce grand corbeau noir, savant muet vieux de sept mille ans ?

Pour parfaire sa victoire sur le Néant et l’obscurantisme quoi de plus évident pour le héros que d’aller chercher sa dernière énigme dans la Passion ? La Bête aurait-elle une infime chance d’y répondre, étant « dépourvue d’âme » et de foi ? Pour cela, elle sera d’ailleurs enterrée sans être accompagnée d’une prière.

Énigme 3 : « Dis-moi ce que chante le rossignolet sauvage le Vendredi saint. Dis-moi ce qu’il chante le Samedi saint. Dis-moi ce qu’il chante au soleil levant, le jour de la Pâques. »

Bien entendu, cette mécréante de Bête n’est pas en mesure de répondre, et reste donc muette.

La  mort de la Grand’Bête ou la fin d’un temps et le début d’un autre.

Dans le conte comme dans le mythe, le perdant doit disparaître.

Le jeune homme tue la créature, Œdipe tue la sphinge, ou bien la sphinge se suicide en se jetant de son rocher, ou encore elle se dévore elle-même selon les diverses versions.

L’important est que la créature, symbole d’un autre temps, disparaisse. Le jeune homme, à l’instar d’Œdipe, peut être reconnu comme une figure de liminarité, contribuant à effectuer la transition entre les anciennes pratiques religieuses païennes représentées par la mort de la Grand’Bête (de la sphinge dans le mythe), et l’arrivée du christianisme (des nouveaux dieux de l’Olympe pour le mythe).

L’épreuve de l’énigme se trouve ici être pour le héros un rite de passage tel que l’a conceptualisé Arnold Van Gennep[2].

Les rites de passage, selon la définition de l’ethnologue, accompagnent les changements de lieu, d’état, d’occupation, de situation sociale, d’âge. Ils rythment le déroulement de la vie humaine « du berceau à la tombe ». Ce rite se déroule en trois étapes qui se succèdent :

La première étape est la séparation de l’individu par rapport à son groupe : le jeune homme part seul dans la grotte pour affronter la créature. Œdipe, quittant ses parents, part seul pour Thèbes. On peut rapprocher ce moment à celui de l’éveil du croyant cathare, seul face à sa ‘‘découverte’’.

La deuxième étape est la liminarité : c’est la période pendant laquelle l’individu n’a plus son ancien statut et pas encore son nouveau : le jeune homme n’est plus le pauvre mais il n’est pas encore riche. Œdipe a fui le trône de Corinthe mais il sera roi de Thèbes.

Cette étape transitionnelle est un moment crucial du rite, car elle est caractérisée par l’indétermination. Il s’agit de réussir ou de mourir. Dans la perspective cathare, nous dirons plutôt qu’il s’agit de choisir, soit de se préparer pour sa « bonne fin », soit de risquer de nouveaux errements vers une nouvelle et énième transmigration. C’est le moment du choix en pleine conscience, du premier possible ‘‘lâcher-prise’’.

Sur le chemin cathare, le « lâcher-prise » est un long, très long processus qui commence à l’éveil et peut se poursuivre ensuite par étapes successives et différentes selon la foi et la détermination de chacun(e).

La troisième étape est la réincorporation, c’est-à-dire le retour de l’individu parmi les siens avec un nouveau statut : le jeune homme désormais riche peut épouser sa belle. Œdipe sera proclamé roi.

Le croyant cathare, quant à lui, poursuit son chemin dans la mondanité en prenant soin de garder cette petite flamme intérieure et   fragile toujours allumée, et, en s’efforçant de la faire grandir.

La mort de la Grand’Bête, telle qu’elle nous est contée, est saisissante par sa sauvagerie et son réalisme cru. Si elle est là pour marquer la fin du paganisme, c’est dans une surenchère de détails qui ne sont pas sans rappeler la violence aveugle telle qu’elle apparaît dans « La victoire » d’Andrea Mantegna où l’on voit David brandissant la tête de Goliath.

Surenchère de même dans les paroles de la Bête mourant comme un guerrier viking et s’exprimant comme un oracle antique. Il faut se rappeler à ce sujet que les créatures de la montagne dans la mythologie propre à J.-F. Bladé, bien que dangereuses pour l’humain, savent une fois vaincue se montrer ‘‘bienveillantes ’’ en prenant le temps d’aider leur vainqueur avant de disparaître (cf ; Corps sans âme dans « L’homme de toutes couleurs »).

« Bois mon sang. Suce mes yeux et ma cervelle. Ainsi, tu deviendras fort et hardi comme Samson, et tu ne craindras personne sur terre. Arrache-moi le cœur… » Nous pouvons nous épargner la suite. Ce ‘‘syncrétisme ’’ final est d’autant plus déroutant que nous aurions pu espérer un comportement plus raffiné de la part d’un vainqueur de la ‘‘barbarie’’. Lorsqu’il fait manger le cœur cru de la Bête à son épouse, on se retrouve de nouveau face à la foi chancelante du peuple juif qui avec le « veau d’or » retourne à ses anciennes idoles.

Les lieux du conte.

Du Gers au Pyrénées, nous sommes bien dans ‘‘le pays” de J.-F. Bladé.

L’histoire commence à Castres, lieu de résidence du jeune homme et se poursuit dans la région de Auch, via le château de Roquefort où habite sa promise. Il se rend ensuite à la cathédrale de Auch avant de commencer sa quête. L’intrigue se passe dans la montagne, lieu de prédilection pour les aventures (les Pyrénées) et le nœud de l’histoire se déroule dans la grotte, autre lieu tout aussi riche de sens.

Les villes de Castres, d’Auch et le château signifient seulement la situation initiale du conte, la mondanité au quotidien. La montagne et la grotte sous-tendent une sémantique beaucoup plus profonde.

La montagne, très présente dans les contes de J.-F. ? Bladé, représentée la plupart du temps comme hostile à l’humain, est le lieu possible de tous les dangers, lieu privé de couleur où domine la durée et l’obscurité : « Trois jours après, il arriva dans un pays désert, dans un pays sauvage et noir, où les eaux tombent de mille toises, où les montagnes sont si hautes, si hautes, que les oiseaux n’y peuvent voler, et que la neige n’y fond jamais. » La quête ne peut être un ‘‘long fleuve tranquille’’, la recherche entreprise exige la rupture avec la quiétude du quotidien paisible. Puisqu’il s’agit de devenir autre, de se révéler à soi-même, pour se débarrasser de « sa tunique de chair » il faut aussi abandonner ce qui la nourrit.

Luc, 9. 23-24 : « Si quelqu’un veut venir à ma suite, qu’il renonce à lui-même et prenne sa croix chaque jour, et qu’il me suive. En effet, qui veut sauver sa vie, la perdra ; mais qui perd sa vie à cause de moi, la sauvera. »

La grotte est le lieu du dénouement de l’intrigue. On le sait déjà, c’est sous la terre, monde chtonien, que se trouvent les passages pour se rendre d’un monde à l’autre.

Les cavernes, les puits, les grottes et les souterrains sont, en outre, des entrées vers un univers peuplé de créatures inquiétantes, fantastiques qui gardent des trésors : Grand’Bête à tête d’homme pour notre conte, dragon chez Tolkien, griffon chez Flaubert[3], la littérature fourmille de ces êtres imaginaires.

On l’a vu plus haut, c’est dans ce lieu de passage et de transition que se dénoue l’intrigue à partir de laquelle naîtra le nouvel ‘‘être” et commencera un nouveau temps.

En partant de l’idée grecque de Gaïa, la déesse terre mère des races divines, et en étudiant l’assimilation de la grotte à la matrice (bien connue, dit-elle, en sciences des religions), Anne Marchand[4] a souligné la symbolique de renaissance représentée lors de la sortie de la grotte. C’est bien le cas du jeune homme de notre conte : il sort « autre ». Ayant accompli sa mission de ‘‘guide’’ pour ses semblables, il a ouvert la voie à un autre monde libéré du Mal. Cette interprétation est, on le voit bien, complètement catholique, car les cathares savent bien que chaque être ne peut suivre que son propre chemin, mais tout en sachant que tout le long de ce chemin il est essentiel de partager le seul et unique bien ; l’Amour universel.

N. B. :

 Pour ceux qui n’auraient pas vu, ou lu « Le hobbit : un voyage inattendu », voici deux des trois  énigmes posées par Gollum :

« Sans voix, il hurle, sans aile, il voltige, sans dent il croque, sans bouche, il chuchote. »

« Cette chose, toute chose dévore ; oiseaux, bêtes, arbres, fleurs. Il réduit les cailloux en poussière. Il détruit les rois et détruit les villes. Qui est-ce ? »

Chantal Benne le 25 juillet 2022


[1] Présentation de Bertrand Audouy, rédacteur en chef de Mythologies magazine (Edito n°49) : « L’épopée de Gilgamesh est une œuvre composite transmise oralement puis rédigée sous de nombreuses versions, initialement en sumérien entre le IIIe et le IIe millénaire avant notre ère. Ce serait le plus ancien récit de l’histoire humaine connu à ce jour.
Gilgamesh, jeune roi tyrannique de la cité d’Uruk, impose une domination totale sur son peuple pour satisfaire ses propres plaisirs. A lui seul, il incarne ce pouvoir absolu, cette hybris propre aux autocrates qui ne parviennent pas à s’imposer de limites. Repoussant la passion dévorante de la déesse Ishtar, soumis aux aléas de l’amour et de l’amitié, le héros lutte contre lui-même. Euphorique des exploits accomplis avec son ami Enkidu, (ils tuent Humbaba, le géant de la Forêt des Cèdres, combattent le taureau céleste, etc.) il est à la mort de son compagnon saisi par le doute, et va entreprendre une quête sur le secret de l’immortalité. Accéder à la sagesse en acceptant son statut de mortel, tel sera l’enjeu de son voyage en solitaire. ».
Gilgamesh, lors de son voyage va rencontrer les rescapés du Déluge. Nous avons ici la preuve que ce mythe est bien antérieur à l’A.T.

[2] Arnold Van Gennep (1873-1957) ethnologue folkloriste fut le fondateur du folklore en tant que discipline scientifique. Œuvres essentielles : « Les rites de passage : étude systématique » 1909 et « La formation des légendes » 1910.

[3] Gustave Flaubert : « Je suis le maître des splendeurs profondes. Je connais le secret des tombeaux où dorment les vieux rois. Leurs trésors sont rangés dans des salles, et plus bas, bien au-dessous des tombeaux, après de longs voyages au milieu des ténèbres étonnantes, il y a des fleuves d’or avec des forêts de diamant, des prairies d’escarboucles, des lacs de mercure. Adossé contre la porte du souterrain et la griffe en l’air, j’épie de mes prunelles flamboyantes ceux qui voudraient venir. La plaine immense, jusqu’au fond de l’horizon est toute nue et blanchie par les ossements des voyageurs… » in « La tentation de saint Antoine », 1874.

[4] Anne Marchand : auteure, conteuse et conférencière a publié plusieurs ouvrages de Contes et légendes aux éditions Hesse.

Le dragon doré

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Le dragon doré

Ce conte fonctionne comme un conte-formulaire. Le conte-formulaire est caractérisé par une phrase (ou plusieurs) répétée (s) d’un un bout à l’autre par le personnage principal. Mais les contes-formulaires souvent n’ont pas de fin. Ce qui n’est pas le cas de celui-ci. On peut le classer dans les contes merveilleux, à forte connotation spirituelle avec plusieurs références à la mythologie grecque.Read more

De la chute au salut

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De la chute au salut

Nous allons étudier ici la parabole du fils prodigue1 qui est essentielle au catharisme, d’autant qu’elle comporte des éléments peu, mal ou pas compris. Elle ne figure dans aucun autre évangile canonique que celui de Luc et est précédée de deux autres textes — la brebis et la drachme perdues —, qui mettent en avant les efforts déployés par celui qui a perdu une part, même infime, de son bien initial pour le retrouver.Read more

Qu’as-tu fait de ton talent ?

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Qu’as-tu fait de ton talent ?

Nous connaissons tous la parabole des talents que l’on trouve dans le Nouveau Testament chez Matthieu1. Le problème est qu’elle est souvent comprise à l’envers car le formatage judéo-chrétien nous pousse souvent à trouver correct le contraire de ce que nous dicte la logique.Read more

À Diognète

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À Diognète

Ce texte est tiré de « Premiers écrits chrétiens » publié dans la collection La Bibliothèque de la Pléiade des éditions NRF Gallimard.
Sous la direction de Bernard Poudebon, Jean-Marie Salamito et Vincent Zarini.
Afin de respecter le droit d’auteur, l’introduction, les présentations et les annotations ne sont pas reproduites. Je vous invite donc à vous procurer ce livre pour bénéficier pleinement de la grande qualité de cet ouvrage.Read more

Projet 1 : maison conteneur

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Projet 1 : maison conteneur

Pour mettre en œuvre un projet de lieu d’accueil d’une communauté évangélique et de rendez-vous de la communauté ecclésiale, nous devons envisager toutes les solutions afin de choisir la mieux adaptée au lieu et moment choisis. En effet, un tel projet demande de gros efforts en raison de son caractère innovant. Innovant puisque non vu depuis le 14e siècle en Occitanie, difficile puisque s’appuyant sur une communauté ecclésiale encore dispersée, mais exaltant par sa capacité à donner de la visibilité au catharisme à l’heure où beaucoup l’ont fantasmé, voire ridiculisé, affirmant haut et fort qu’une résurgence cathare conforme au système en place au Moyen Âge. Et ce projet est même inquiétant pour ceux qui, se faisant le relai des autorités publiques et judéo-chrétiennes locales, cherche à le dénier en s’appuyant sur des travaux malhonnêtes de scientifiques qui n’ont de cesse d’essayer d’instiller dans la mémoire collective l’inexistence du catharisme.

C’est pourquoi j’ai étudié différents projets concernant le foncier, le bâti et les équipements périphériques. J’ai également poussé mes recherches vers tout ce qui pourrait permettre d’approcher d’une autonomie totale, sans pour autant rechercher à créer une communauté isolée de son environnement.

Le conteneur est-il un bâti intéressant ?

Le conteneur (container en anglais) est un outil destiné au transport des marchandises. Pour cela sa structure présente de nombreux atouts : un acier spécial très résistant ; une structure capable d’encaisser des forces de distorsion et d’écrasement particulières ; un coût très faible par rapport à l’équivalent en moellons ou en bois. Pour autant, dans un autre usage, certaines de ses qualités s’atténuent voire s’annulent et des défauts apparaissent : la résistance structurale ne tient plus quand on commence à découper l’acier pour créer des fenêtres, des portes ou pour agrandir l’espace en accolant plusieurs conteneurs ; une absence totale de respiration du matériau qui impose une ventilation mécanique ; un effet cage de Faraday pouvant gêner la transmission d’ondes ; une inertie thermique nulle imposant une isolation extérieure et intérieure. N’oublions pas les dimensions contraintes, même si elles sont généralement suffisantes pour l’usage que nous recherchons et si elles peuvent s’adapter en accolant plusieurs unités de base.

Le coût tend à perdre de son intérêt, car la popularité de ce produit dope le marché et les problèmes économiques mondiaux nous privent partiellement de conteneurs ayant effectué un premier voyage, dont le coût est bien inférieur à celui des neufs, pour une qualité comparable.

Les modifications du bâti

Portes closes, un conteneur est un parallélépipède parfait en tôle ondulée, aux angles renforcés et à l’acier Corten® particulièrement adapté aux conditions extrêmes qui le rend plus de deux fois plus résistant que les aciers de construction.

Il s’agit d’un élément structural très intéressant en termes de résistance et de durabilité. Sa présentation en fait donc un produit de choix dans le cadre de l’auto-construction et des constructions modulaires. Mais l’usage détourné pour construire des habitations va poser quelques problèmes.

La structure

Si la structure fait la rigidité et la solidité, toute altération vient rompre cet équilibre. Or, une construction à usage d’habitation nécessite des ouvrants (portes et fenêtres) qui seront découpés dans la structure. Si le volume intérieur disponible ne suffit pas il faudra accoler et/ou empiler plusieurs unités de base et les découper pour les rendre utilisables. L’empilement ne pose pas de problème, car la résistance structurale est prévue pour supporter un empilement sur au moins cinq niveaux de conteneurs pleins de marchandises comme on peut l’observer sur des navires porte-conteneurs.

Les découpes devront donc s’accompagner de renforts structuraux adaptés comme des encadrements renforcés et des poteaux de soutènement.

Même si les conteneurs sont très résistants à la corrosion perforante grâce à la nature de leur acier, leur usage en mode enterré reste à évaluer, du moins si l’on n’y ajoute aucune couverture isolante.

Dernier avantage structurel et non des moindres, les dimensions extérieures sont adaptées au transport routier traditionnel, ce qui permet d’apporter sur site les éléments construits à coût très raisonnable.

L’isolation et la ventilation

Naturellement, le conteneur n’est pas fait pour être isolant. Certains sont utilisés pour des transports de matières fraîches ou réfrigérées au prix d’une isolation renforcée et de l’adjonction d’un groupe électrique réfrigérant. Ce sont les modèles Hi Cube dont la surélévation permet l’installation de ce matériel.

Donc, il est impossible de vivre dans un conteneur brut qui se transformera en étuve en été et en réfrigérateur en hiver. Il faut une isolation conséquente extérieure, et intérieure. En effet, vivre dans un conteneur veut dire émettre des radiations thermiques qui, si elles touchent le métal donneront lieu à une condensation, elle-même cause de moisissures. Le problème de l’isolation intérieure est qu’elle réduit l’espace disponible ; l’isolation extérieure augmente elle la surface du bâti, même si un projet non abouti pour l’instant prévoit d’exclure l’isolation extérieure du calcul de la surface bâtie.

Isoler le conteneur va certes assurer un tampon thermique, mais contrairement aux autres constructions, elle ne règlera pas les transferts hydriques entre l’extérieur et l’intérieur, et ce dans les deux sens. C’est pourquoi il faut obligatoirement prévoir une ventilation active pour évacuer l’air vicié et l’humidité et insuffler de l’air sain et équilibré sur le plan hygrométrique. Cela se fera au moyen d’une Ventilation Mécanique Centralisée à double flux qui va assurer l’extraction de l’air intérieur vicié et l’aspiration de l’air extérieur. Dans un souci d’économie d’énergie, ajouter un échangeur thermique permettra de récupérer les calories émises à l’intérieur pour tamponner la température de l’air extérieur. Si l’on trouve un moyen de récupérer de l’air extérieur tamponné en température et en hygrométrie, une VMC simple flux sera suffisante. Ce moyen s’appelle un puits canadien-provençal. Il s’agit d’une prise d’air extérieure que l’on fait circuler à au moins deux mètres de profondeur dans le sol où la température et l’hygrométrie sont stables afin de les insuffler dans le bâtiment. Cela représente un coût fixe à l’installation, mais une économie sur le système de ventilation et de régulation thermique. Un système utilisant un matériau poreux, comme le grès, est préférable aux systèmes PVC qui favorisent l’humidité des conduits elle-même favorable à une altération de l’air ambiant apporté.

L’isolation extérieure permet d’éviter l’effet thermique de la structure et sert de base à un parement qui peut être facilement adapté aux exigences du Plan Local d’Urbanisme du site où l’on s’installe. Elle sera réalisée, selon les moyens financiers, en laine de verre ou de roche ou en matériaux plus écologiques (paille, chanvre, recyclages divers, etc.). L’isolation intérieure sera plus fine et devra servir également de régulateur hygrométrique pour affiner le travail de la ventilation selon les activités. La largeur contrainte du conteneur (233 cm en interne) oblige à une répartition linéaire des pièces et des éléments de vie. Pour tout autre projet, la seule solution reste d’accoler des conteneurs pour multiplier la largeur initiale.

La ventilation peut se faire en simple flux passif avec des aérations permettant de chasser l’air vicié vers l’extérieur au détriment de l’équilibre thermique, ou en recourant au puits canadien-provençal. À défaut, il faudra recourir à une ventilation à double flux avec échangeur thermique. La circulation des tuyauteries, pourra se faire sans perte de hauteur sous plafond en utilisant un conteneur Hi Cube dont la hauteur intérieure de 265 cm offre 30 cm de mieux que le modèle dry classique.

Les réseaux

Le dernier point à prendre en compte dans ce type de bâti est celui de la gestion des réseaux. En effet, il est fondamental de rationaliser l’installation pour des raisons de coût et d’entretien. Il faut tenir compte de trois types de réseaux : les fluides hydriques, le réseau électrique et les ondes électro-magnétiques.

Il est important de comprendre qu’avant de parler d’autonomie, il faut parler d’économies. L’apport hydrique est essentiel, mais doit être rationnalisé en supprimant les apports non essentiels et en réduisant les gaspillages. Nous gaspillons 40% de l’eau (généralement potable) utilisée dans un domicile pour assurer l’évacuation des urines et des selles dans les toilettes. Pourtant il est très facile d’économiser cette eau en utilisant des toilettes à litière bio-maîtrisée, dites toilettes sèches ou des toilettes à séparation qui permettent d’assécher les selles tout en récoltant les urines pour un autre usage. Si les toilettes sèches ne demandent aucune installation particulière, elles utilisent de la sciure qui doit être achetée et stockée. Les toilettes à séparation nécessitent une évacuation de la ventilation qui sert à assécher les selles via une ventilation à faible consommation électrique, et une évacuation des urines vers un contenant à grande capacité fourni avec le reste du matériel. Le coût des toilettes sèches est très faible et comprend une structure en bois, une lunette, un seau en inox et une pelle à sciure. Celui des toilettes à séparation est plus élevé (entre 1500 et 2000 €), mais offre un confort d’utilisation plus important. Les deux permettent d’importantes économies d’eau qui les rentabilise sur la durée et qui a un impact écologique fort, d’autant que le système de chasse d’eau produit des eaux brunes qui se transforment en boues brunes dont nous ne savons quasiment pas nous débarrasser de façon écologique. L’urine récupérée peut être utilisée comme adjuvant de l’arrosage du potager à une concentration ne dépassant pas 20% du volume total. L’urée qu’elle contient est un excellent fertilisant.

L’eau est récupérée de deux façons : par puisage (puits foré ou captation dans un cours d’eau) ou par récupération des eaux de pluie. Le puisage impacte la nappe phréatique et est susceptible d’être polluée selon l’environnement industriel ou agricole. L’eau la plus pure est celle des eaux de pluie qui doit néanmoins être filtrée. Une filtration grossière (élimination des résidus macroscopiques : feuilles, brindilles, etc.) donnera une eau impropre à la consommation mais adaptée à l’arrosage, au lavage des sols et des matériels, voire au lavage des vêtements. Pour la rendre adaptée à la consommation humaine, une filtration fine permettant d’éliminer les résidus les plus fins, les métaux lourds, les éléments chimiques dangereux sera nécessairement associé à une irradiation UV pour éliminer les agents pathogènes (virus, bactéries, champignons, etc.). L’eau peu filtrée sera distribuée sur des réseaux extérieurs (jardin, garage, composteur, cellier et buanderie) et l’eau filtrée sera apportée dans la salle de douche et la cuisine, les deux réseaux ne devant pas cohabiter dans la même pièce selon la réglementation.

Le réseau électrique devra forcément émaner de sources renouvelables (photovoltaïque solaire, éolien et hydroélectrique), utilisées en association avec des systèmes de stockage (batteries) ou en complément avec une revente au réseau public. Dans le cadre d’une autonomie totale, il faut prévoir des systèmes permettant d’éviter les surcharges en cas de surproduction (systèmes de fuite, production de gaz comprimé, pompe à eau de stockage, etc.). L’autre problème est celui des ondes émises par les fils électriques qui, dans un environnement métallique peuvent être amplifiées. La solution passe par un gainage du réseau offrant une mise à la terre et une étanchéité aux ondes électromagnétiques.

Les réseaux de transmission pour le WIFI et la téléphonie peuvent être impactés ce qui conduira à prévoir des systèmes de ré-amplification.

Au final, le conteneur reste une solution intéressante dont les défauts peuvent être contournés et dont les avantages permettent un gain de temps non négligeable dans la réalisation des travaux.

Les installations périphériques

Comme nous l’avons vu précédemment, le bâti a besoin d’éléments périphériques sans lesquels il ne saurait être utilisable.

Les fondations

Tout type de fondation est possible, mais dans un souci écologique de moindre prégnance environnementale le système de plots supportant la structure s’impose. Selon la nature du sol, il est composé de pieux métalliques plantés dans la couche dure du sol ou, sur un sol plus instable, de plots bétonnés supportant les pieux. Cela crée de fait un vide sanitaire utile notamment au raccordement d’autres éléments extérieurs totalement ou partiellement enterrés.

Le puits canadien-provençal

Ce système vient puiser l’air extérieur par une bouche d’aération grillagée pour éviter l’entrée d’insectes dans le conduit. Ensuite l’air circule dans un conduit enterré à au moins deux mètres de profondeur afin de profiter de l’inertie thermique de la terre à cette profondeur. Enfin il remonte par un conduit sous la pièce recevant la VMC afin d’être utilisé pour la ventilation. Si les conduits en PVC sont largement plébiscités ils présentent un inconvénient majeur, celui de la condensation causée par la différence thermique entre l’air extérieur et l’air souterrain. Cette condensation nécessite une évacuation à la partie la plus déclive du système et peut causer une pollution de l’air transmis dans la ventilation. La solution la plus simple est d’utiliser des conduits en grès, car cette matière empêche la condensation de l’air et donc l’apparition de gouttes d’eau, car le point de rosée n’est pas atteint grâce à la régulation de l’air lié à la plasticité du matériau.

La récupération de l’eau de pluie ou de pompage

La technique la plus classique associe une toiture et des cheneaux récupérant l’eau de pluie et la conduisant à une cuve, généralement enterrée, d’où elle sera puisée et filtrée. Selon la fréquence des pluies on peut se contenter d’une récupération périphérique (casquettes du toit, bâtiments annexes) permettant d’avoir un toit végétalisé très utile pour participer à la régulation thermique du bâtiment, ou bien une toiture plus classique permettant de récupérer le maximum des eaux de pluies quand elles sont rares. La cuve sera préférentiellement enterrée pour éviter les variations thermiques susceptibles de favoriser la production d’algues et en béton pour compenser l’acidité des eaux de pluie. Un préfiltre assurera la filtration macroscopique et une pompe sera installée sur chacun des deux réseaux d’usage, comme nous l’avons vu précédemment. Pour les eaux propres à la consommation humaine, un ensemble de filtration fine et une unité d’irradiation UV sera installée à proximité des zones d’utilisation. Un chauffe-eau solaire installé en rez-de-chaussée (toit plat) ou dans les combles assurera la production d’eau chaude sanitaire. Un réservoir de stockage de l’eau filtrée en inox peut être prévu en cas de filtration lente (filtre céramique ou à osmose inversée) et son installation en hauteur assurera un bon débit aux robinets.

L’eau de pompage nécessitera le creusement d’un puits artésien ou à pompage actif au moyen d’une pompe électrique ou d’une éolienne de pompage. La captation dans un cours d’eau nécessitera des démarches règlement longues et compliquées qui peuvent s’associer à une demande de bief en vue d’une production hydroélectrique. Le filtrage et le suivi de ces eaux sera lui aussi pointilleux pour un usage alimentaire.

Ce suivi se basera sur des prélèvements étudiés en laboratoire indépendants à des fréquences idéalement mensuelles et nous excéder une fréquence semestrielle.

La production électrique

Aujourd’hui, le meilleur système reste le photovoltaïque solaire. Des panneaux solaires reliés à un onduleur qui transforme le courant continu en alternatif et qui peut produire du courant basse tension (12 ou 24 volts pour l’éclairage) ou tension ménagère (220 volts pour les appareils ménagers). En cas de maintien d’un lien avec l’opérateur public ou privé, l’autoconsommation peut être limitée à 50% des besoins, le reste étant fourni par l’opérateur, ce qui évite d’utiliser des systèmes de stockage.

Si l’on recherche une véritable autonomie, il faudra augmenter la surface de captage, disposer d’un onduleur spécial permettant d’éviter les surcharges, et avoir des batteries adaptées pour stocker en vue d’une restitution en cas de mauvais temps et la nuit. Bien entendu cette option est beaucoup plus chère. On peut aussi éviter la dispersion de l’électrique produite en excédent au moyen d’une interactivité avec des éléments satellites comme un véhicule électrique branché sur le même réseau, un système de pompage de l’eau depuis une cuve basse vers une cuve haute qui renverra l’eau sur une centrale hydroélectrique dans les périodes creuses et pourquoi pas des appareils gourmands en courants, comme une pompe à air comprimé qui offrira une énergie alternative pour des usages domestiques (aspirateur centralisé) ou technique (atelier).

En complément du solaire il existe deux autres systèmes d’usage courant comme l’éolien et l’hydroélectricité. S’ils sont intéressants, ils sont aussi demandeur d’une grande patience, car les obstacles administratifs sont nombreux et persistants. Leur coût n’est pas négligeable et leur rendement moindre que celui du photovoltaïque.

Autres installations à prévoir

Nous devons aussi envisager une possible extension du bâti, voire une mixité entre le conteneur et la construction bois. Il faut donc prévoir une possible extension des réseaux dont certains seront indépendants et d’autres partagés.

La recherche d’autonomie passe forcément par la gestion des déchets. Deux systèmes sont à prévoir :

  • L’évacuation et le traitement des eaux grises ;
  • Le compostage des déchets organiques y compris les selles.

Ces sujets méritent un article à part.

Enfin, sans prétendre à l’autonomie en la matière, la production végétale sera néanmoins à organiser pour réduire les frais dans le domaine alimentaire. Celà pourra être en outre une saine occupation des résidents n’ayant pas d’activité professionnelle.

À titre d’illustration des possibilités, voici mon projet personnel adapté à l’usage d’un fauteuil roulant.

Guihem de Carcassonne, le 1er juin 2022.

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